Titre : Eden, ouvre-moi tes portes
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Aurélien Guilbert
Éditeur : Graph Zeppelin
Parution : Mars 2015
Prix : 13€
Après avoir osé lancer une grenade dégoupillée dans le bureau de l’archange Gabriel, Esthel se voit étonnamment proposer par ce dernier d’intégrer officiellement son gang d’anges déchus. Il faut dire qu’Esthel a toujours troublé Gabriel, qui se doute qu’elle aura tôt ou tard un rôle à jouer. Le trafic d’Eden est malmené par des copieurs qui multiplient les victimes humaines, et la découverte d’un traître au sein des rangs vient achever de semer la confusion et le chaos dans l’ordre qui avait été jusque-là établi. Devo est en fuite, et Adam et Eve dérivent irréversiblement vers la violence et autres vices jusqu’à un probable point de non-retour. L’archange reprendra-t-il enfin la main sur son équipe ? Esthel, envoyée par Dieu, semble en tout cas bien loin de sa mission initiale d’anéantir ces anges renégats et de mettre fin aux vices qu’ils perpétuent sur Terre. Bien au contraire, elle est toujours plus en proie aux doutes alors que ses sentiments humains et ses pulsions se développent…
C’est dans un mélange explosif de trafic de drogues, de violence et de scènes érotiques que nous entraîne Aurélien Guilbert. Dans ce cocktail Molotov dans lequel des anges viennent sur Terre pour assouvir leurs pulsions et font preuve d’une grande dextérité pour s’intégrer à l’humanité, au point d’y manigancer leurs propres trafics, on ressent une violente critique de la société humaine, si faillible, prête à tous les vices, éprouvant de la jouissance dans le rapport de force. Les quelques personnages principaux incarnent à eux seuls une conception noire de l’humanité où corruption, désir de domination, orgueil et oubli des peurs règnent en maîtres. Même la religion ne semble rien pouvoir faire de mieux. Seul le personnage d’Esthel vient en partie contre-balancer cette vision, mais elle-même est prise en contradiction dans ses choix, qui représentent finalement le choix de l’humanité au quotidien. Doit-elle suivre son instinct, ses émotions, ses pulsions ? Oui mais les bonnes, celles de l’amour peut-être. Là se trouve certainement un des messages de l’auteur. Avec un trait épais et noir, cette BD assez violente profite d’un scénario prenant dont on peut féliciter l’originalité très rebelle. Le tout est bien construit pour mener une réflexion intéressante sur la condition humaine.
Jouissive de défoulements et bien maîtrisée du point de vue scénario et réflexion. Parfait pour des lecteurs avertis seulement.
Nicolas Davy
Réagissez !
Pas de réponses à “Déchus #2”