Autrice découverte il y a une dizaine d’années avec sa série manga Debaser chez Ankama, Raf a fait son retour avec une série parodique du jeu Fortnite, Fightnite – Bataille Royale. A l’occasion de la sortie du tome 2, nous sommes allés lui poser quelques questions. Rencontre.
Bonjour Raf, on t’a un peu perdue de vue après la fin de ta série Debaser aux éditions Ankama. Tu fais ton grand retour avec Fightnite, peux-tu nous parler de la genèse de ce projet sur lequel tu travailles avec Piratesourcil ?
Je ne connaissais pas personnellement Piratesourcil, j’avais vu son travail il y a longtemps à l’époque des blogs, c’est-à-dire dans les années entre 2006 et 2010, quelque chose comme ça. C’est vachement drôle ce qu’il faisait, j’aimais bien le côté humour, un peu d’humour noir, un peu edgy. De mon côté, après Debaser, j’ai fait beaucoup de freelance pour de l’illustration, du design pour le jeu vidéo, d’ailleurs je continue à en faire. J’ai plein de boulot à côté de mes projets personnels pour lesquels j’ai choisi l’auto-édition. Du coup, Anne-Charlotte, l’éditrice du projet, m’a contactée – j’avais bossé avec elle chez Pika en tant que graphiste – quand elle est arrivée chez Jungle. Je l’ai pris comme un boulot d’illustration et de commandes habituel mais hyper fun. Je n’ai pas du tout participé à la genèse du projet, par contre je me suis vraiment incrustée dans le scénario de Piratesourcil, j’ai suivi ses indications. On possède un humour assez commun, c’était assez organique du coup entre nous.
Fightnite est une parodie du jeu Fortnite, es-tu joueuse à la base de ce titre?
Je suis gameuse mais je ne suis pas joueuse de Fortnite. Mon truc c’est plutôt les RPG japonais, c’est un autre type de jeu. Fortnite, je connais car j’ai pas mal de potes qui ont des enfants donc forcément j’entends parler Minecraft et Fortnite dans tous les sens. J’ai essayé une fois mais c’est le genre de jeu où je me fais tuer tout de suite, je suis la numéro 1 à mourir en général. J’y ai surtout joué un petit peu pour voir l’ambiance
Justement as-tu demandé des petits conseils à tes amis qui jouaient à Fortnite pour illustrer cette série ?
J’avoue que Google et YouTube sont beaucoup plus efficaces que les amis pour les références. J’ai juste demandé à l’enfant d’un pote, qui est vraiment fan du jeu, quel était l’un de ses personnages préférés afin que je l’intègre dans le premier album. Il était super fier, c’était assez marrant à voir, il l’a même montré au collège. Sinon pour le reste, c’était plutôt Google Images et des vidéos pour bien comprendre l’ambiance du jeu mais en même temps on ne voulait pas être trop proche parce qu’on fait une parodie. Il fallait trouver un juste milieu, que les références soient claires mais qu’il y en ait aussi à d’autres jeux du même type comme PUBG. On a essayé de piocher des références ici ou là même si c’est principalement Fortnite qui est parodié.
Y a-t-il un personnage duquel tu te sentes plus proche ?
Parmi les trois personnages principaux, il y a Juliette qui est la nana un peu badass. Piratesourcil l’avait déjà écrite de façon très badass et hyper intéressante mais, avec Anne-Charlotte, on a encore plus poussé dans ce sens. On a poussé pour lui donner plus de poids, qu’elle soit plus active. Et c’est intéressant aussi de travailler comme ça.
Après le format manga avec Debaser, cette fois tu t’attaques au format franco-belge. La transition n’a-t-elle pas été trop compliquée ?
Quand j’ai commencé les premiers tests, j’avais fait des planches en trois bandes comme les mangas car je suis habituée à ce format-là. Je me suis aperçu, quand on a imprimé et qu’on a regardé avec Anne-Charlotte, que ça ne le faisait pas et qu’il fallait passer en quatre bandes comme un franco-belge classique. En fait, j’ai pas mal de copains chez Tchô! Le magazine qui viennent aussi du manga – Bill, Gobi, Mathilde Domecq et plein de gens comme ça – et je me suis un peu inspirée de ce qu’ils ont fait car ils ont réussi à s’adapter au format franco-belge jeunesse. J’ai quand même réussi à intégrer les personnages mannequins, comme dans les mangas, donc il y en a qui dépassent des cases, des bulles qui dépassent un peu dans tous les sens… J’ai essayé d’insuffler un peu de manga aussi dans ce style-là. En plus, je pense qu’Anne-Charlotte m’a contactée pour obtenir un style un peu plus hybride.
Tu changes donc de format mais tu passes également du noir et blanc à des planches en couleurs.
Je fais beaucoup d’illustrations à côté et il n’y a que Debaser que j’ai fait en noir et blanc. J’ai réalisé les couleurs des couvertures des deux albums mais sinon je laisse Tanja Wenisch s’occuper des couleurs de mes planches. Elle va super vite et est super efficace, ça m’arrange parce que c’est extrêmement long à faire la couleur dans une bande dessinée. Parallèlement à Fightnite, je suis en train de bosser sur un autre projet qui est lui aussi en couleur. C’est pour du full numérique, c’est donc un peu moins long parce qu’en fait ça va être du webtoon, de la lecture en scroll infini. C’est moins exigeant pour les couleurs parce que tu peux vraiment faire des choses plus simples.
Deux tomes déjà parus, l’idée est de poursuivre avec un troisième opus ?
Oui, nous allons faire un tome 3. Par contre, cela va prendre un peu plus de temps pour le sortir car je suis déjà engagée sur un autre projet avec les éditions Dupuis. Mais je vais essayer d’avancer en parallèle.
Si on suit la logique des deux premiers tomes, Juliette devrait être au centre de l’intrigue du prochain album.
Oui, avec Anne-Charlotte on essaye de pousser Piratesourcil vers cette voie, il y a vraiment moyen de la mettre en avant. En plus, dans le 2, sans trop en révéler, elle n’est pas présente dans tout le volume, ça serait donc bien de lui donner plus d’importance dans le 3. J’espère qu’il va nous écouter…
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 30 janvier 2020.
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