Dix ans après le premier album des Enquêtes auto de Margot, Olivier Marin s’est lancé un nouveau défi avec Melany Road. Nous avons profité du festival Quai des Bulles pour lui poser quelques questions à ce sujet. Rencontre.
Tu débutes une nouvelle aventure éditoriale avec Melany Road, peux-tu nous parler de cette série et de son héroïne ?
J’avais envie d’évoluer, de sortir un peu des carcans d’une série comme Les enquêtes auto de Margot sur laquelle je travaille depuis de nombreuses années. Quand on travaille sur une telle série, l’héroïne a un caractère, un univers bien connu et on a peu de possibilités de varier les choses. Avec une nouvelle série qui se passe un peu à une autre époque car même si peu de temps après ça se passe en 69, il y a une grosse différence entre le début et la fin des années 60 au niveau des mœurs, au niveau des vêtements et cela me permet de créer une héroïne au caractère complètement différent. Du coup je m’offre plus de liberté et c’est ça qui m’a donné envie de ne pas arrêter Margot mais de faire une pause pour faire quelque chose de nouveau et être plus créatif.
Pour l’occasion tu as rejoint un éditeur assez récent dans le milieu, Original Watts, qui va proposer plusieurs versions de la première aventure.
Le but était d’écrire l’histoire de 48 pages tout en la découpant en trois épisodes de 16 pages donc cela signifie qu’à la page 16 et la page 32 on doit avoir un suspense, on doit avoir quelque chose qui finit un petit peu la micro histoire. Cela permet de donner envie aux lecteurs de lire la suite. Ce procédé différent m’a fait changer un peu ma façon d’écrire parce que vu que ce sont des mini-histoires, cela permet de raconter plus de choses. C’est un exercice de style intéressant. Même si des tirages limités des épisodes sortiront en trois versions différentes de 125 exemplaires, il y aura la version Black and White et deux autres couleurs avec deux couvertures différentes puis une version tirée à 69 exemplaires avec une couverture blanche que je pourrais dédicacer. Ces tirages limités s’apparenteront à un tirage de tête et il y aura de tout façon un album cartonné avec un tirage classique une fois que j’aurais terminé mes planches.
Tu es un auteur ligne claire mais les versions limitées proposées par Original Watts sont dans un format proche du comics, c’est plutôt amusant ces genres opposés réunis pour l’occasion.
Disons que le comics est à la fois un genre mais aussi un format. Si je ne dessine pas dans le genre comics, on a choisi ce format pour s’exprimer. Cela a changé ma façon de faire le découpage, le cadrage. Je me suis pas mal inspiré de l’école américaine pour aller à l’essentiel, pour faire avancer les choses plus vite. Je pense que Melany Road est un peu plus moderne que Margot vis-à-vis de tous ces ajustements dans mon travail.
Ton éditeur a d’ailleurs joué un rôle dans cette évolution.
Justement il m’a surtout poussé pour ce côté dynamique, la discussion avec lui a surtout tourné autour de ce paramètre. On a trouvé des super trucs pour que ça avance plus vite.
Avec Melany Road on retrouve une belle héroïne ainsi que de belles autos…
J’aimerais ne pas être connoté uniquement auteur de BD autos pour une raison toute simple. Mon éditeur m’a raconté qu’il y avait des libraires qui ne regardaient même pas l’histoire juste parce que c’est marqué Calandre, que pour eux c’est juste de la BD Auto et que ça ne correspond pas à leur public. C’est comme si on disait par exemple « je n’aime pas la bière alors je ne lirais jamais les Maîtres de l’orge », je trouve ça un peu limite comme raisonnement. Du coup, j’aimerais un peu sortir de ça car même si Melany Road est une histoire qui tourne autour d’un accident de voiture, ce n’est pas une histoire de voiture même s’il y en a beaucoup.
De même, dans tes albums les hommes sont les faire-valoir des femmes.
J’adore cette période des années 60 où le Monde a évolué au niveau des mœurs, c’est la première fois au court du XXème siècle où la femme commence à prendre un peu un pouvoir qu’elle n’avait pas. Pour Margot parfois des gens me disent que c’est un peu sexiste, qu’elle a des positions un peu limite mais bon voilà elle est au milieu d’hommes et c’est toujours elle qui gagne alors…
Cela fait 10 ans que la première enquête auto de Margot est parue, après cinq albums, dont le dernier Coccinelles et scarabées, comment imagines-tu la suite ?
Pour l’instant cela n’est pas d’actualité car je ne dessine pas très rapidement et que j’ai encore 32 planches à faire de Melany Road. je n’ai pas envie d’arrêter Margot, il y a deux possibilités, soit quand j’ai fini Melany Road je ré-attaque un album Margot et là c’est dans longtemps, soit j’écris le scénario que j’ai en tête avec Margot et les 4L et je confie le dessin à un autre auteur. Rien n’est acté mais je ne m’interdit rien.
D’ailleurs tu es l’initiateur de la collection Calandre suite au succès du premier tome des enquêtes auto de Margot. Fier de tout ce que cette collection a engendré comme albums jusque-là ?
Au début cela devait être un one-shot et le petit succès que cela a généré a fait qu’à la troisième édition est apparu pour la première fois le logo Calandre sur l’album. Aujourd’hui la collection Calandre c’est à peu près une cinquantaine d’albums publiés en dix ans. On a plutôt essayé de trouver, par rapport à des concurrents plutôt axés sur la course, des histoires de fiction autour de voitures. Cela ne nous a pas empêché malgré tout de réaliser une BD sur Jo Siffert. On voit d’ailleurs la frontière entre la collection Calandre et Plein gaz, qui est à la base plus axée courses automobiles, s’estompe parce que chacun se diversifie.
Une OP à l’occasion des 10 ans de la collection Calandre est prévue prochainement, peux-tu nous en parler ?
Effectivement, elle devrait avoir lieu en début d’année prochaine, autour de février normalement. Il devrait y avoir six albums emblématiques de la collection Calandre, c’est-à-dire des tomes 1, qui seront réédités avec un dos commun et des pages de garde commune. Ils seront proposés à un prix spécial.
Qu’en est-il des aventures de Betsy ?
Il semble que Jérôme Phalippou (NDLR : dessinateur de la série), Pol Beauté (NDLR : l’éditeur) et moi-même soyons tous d’accord pour réaliser un quatrième tome. Nous devons nous rencontrer prochainement pour en discuter, si tout est bien confirmé je vais pouvoir attaquer le scénario. Je n’ai encore rien écrit mais j’ai déjà tout le concept
Merci à toi !
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 26 octobre 2019.
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