
© La Ribambulle 2025
Nous avons profité de leur présence lors du dernier FIBD pour poser nos questions au duo derrière la très chouette série jeunesse Magda, cuisinière intergalactique, dont le troisième et dernier tome était en lice pour le Fauve Jeunesse, la dessinatrice Mathilde Van Gheluwe et le scénariste Nicolas Wouters.

Nicolas Wouters et Mathilde Van Gheluwe © 2025 La Ribambulle
Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions sur cette série, dont le dernier tome, Par-delà les étoiles, était donc en lice pour le Fauve Jeunesse…
Mathilde Van Gheluwe & Nicolas Wouters : (rires)
Bravo d’avoir été en lice ! C’est déjà une belle reconnaissance. Ça vous a amené du monde en dédicace, j’imagine, un peu, la visibilité d’être en sélection.
MVG : Comparé à d’autres moments, je pense que oui. Les gens voient l’autocollant et ça les convainc d’acheter.
NW : Il y avait du monde en tout cas.
Pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés, comment ce projet est né ?
MVG : J’adore raconter cette histoire, mais j’adore l’entendre aussi.
NW : On était amis de longue date avant de travailler sur le projet. Un jour, on s’est dit qu’on travaillerait bien ensemble. On n’avait pas vraiment d’idée de ce sur quoi on allait travailler. On s’est dit qu’on allait se voir toutes les semaines, qu’on allait cuisiner ensemble. C’était souvent Mathilde qui venait chez moi.
MVG : …et qui mangeait.
NW : (rires) et qui mangeait. En discutant, Mathilde a évoqué une idée d’histoire jeunesse qu’elle avait eue, avec des enfants qui viendraient de planètes différentes. Et comme on cuisinait, on s’est dit que ça pouvait être chouette de mélanger ça avec l’univers de la cuisine. Progressivement, ça a donné cette idée-là. C’est une aventure qui aura duré pendant cinq ans.
Vous avez eu tout de suite l’idée de quelque chose qui serait en plusieurs tomes ?
NW : On voulait même en faire plus au départ ! On avait remis un dossier pour faire cinq tomes. Heureusement qu’on n’a pas fait ça. C’était trop long.
L’éditeur voulait bien faire cinq tomes ?
MVG : Non, c’était trop long. Cinq tomes jeunesse, c’est quand même un risque de perdre les gens. Ils avaient parlé de Chiisakobé en disant « ouais, les trois premiers tomes, et puis le quatrième, pfruit ». Donc ils nous ont dit « On va le faire en trois tomes, ça va être génial ! »
NW : C’est bien, ça nous a bien resserrés.
Ça vous a cadrés un peu.
MVG : C’était un sacré défi.
Vous abordez pas mal de thèmes importants. Grâce à ce concours de cuisine, vous parlez d’écologie. Vous parlez, surtout dans le tome 2, de la saisonnalité des produits, de la standardisation, avec l’épreuve avec les tomates. De l’exploitation animale aussi, avec le prix tant convoité. Vous êtes végétariens tous les deux, si j’ai bien vu.

Le Combat des cheffes © Sarbacane 2023
MVG : On a commencé quand toi tu étais végan, moi j’étais végétarienne. Et c’est vrai qu’il y avait un désir de… Nous on s’est retrouvés autour de ça, un désir de parler de ces choses-là. Fatalement, c’est plus toi qui en parles.
NW : C’est un moment où j’étais en plein dans la cuisine végétalienne. Mais je n’avais pas envie que ce soit un livre prosélyte par rapport à ça. Donc c’est discrètement végétalien. Mais, même si c’est parfois plus végétarien, il y a certains personnages qui font de la viande, ou du poisson. Moi, maintenant, je ne suis plus végétalien. Mais je l’ai été pendant cinq ans et pendant la durée de Magda. (rires) En fait ça me donnait plein d’idées de recettes et d’ingrédients. Et parfois, quand on est végétalien, les ingrédients qu’on utilise, qu’on ne connaît pas, c’est un peu comme si c’étaient des ingrédients extraterrestres (rires). Donc c’est assez facile de se dire qu’en fait ça peut être quelque chose de magique.
MVG : D’ailleurs, quand moi je devais dessiner certaines recettes, j’étais là « waouh, ça c’est incroyable, je vais inventer quelque chose »… et ça existait déjà. Je ne le savais juste pas. Donc ouais, c’est arrivé. J’étais là « quelle imagination ! » (rires).
Le côté dénonciation de la société du spectacle, c’était un thème évident aussi, dès le départ, à intégrer.
MVG : Oui.
NW : L’idée est de partir sur une base qui ressemble à des choses qu’on peut éventuellement déjà identifier, que ce soit dans la bande dessinée franco-belge mais aussi dans le manga. On a des références comme Hunter x Hunter par exemple, qui est déjà un peu une réinvention de ce modèle de tournoi classique. En essayant de déconstruire mais en le faisant joyeusement. Et donc si on déconstruit, un tournoi, ça raconte quoi ? C ‘est quoi le fait de s’affronter ? Quand on déplie un peu, ça ouvre plein de portes.

Le Grand Tournoi © Sarbacane 2022
MVG : Et puis je pense qu’avoir choisi de mettre en scène des enfants dans un concours, ça pose des questions aussi au niveau de « tiens, c’est quoi une petite fille de 12 ans, seule et dans une espèce de tour au milieu de la mer ? » Sans vouloir spoiler, pardon. Mais c’est vrai que ça pose ce genre de questions. On s’est aussi posé des questions sur « tiens, c’est marrant de mettre le destin de la sauvegarde de tout un écosystème du monde, du chaos, sur des épaules d’enfants. » Et je crois qu’il y avait aussi des questions au niveau de mettre des enfants en scène, mais aussi dans la famille. Dans les générations familiales, qu’est-ce que ça veut dire de dire à son enfant « si si, on va tous faire le concours, c’est génial ». Et moi perso, j’avais regardé pour me documenter beaucoup de concours de cuisine. Parce qu’il y a de la mise en scène aussi dans ces concours-là. Dessiner des gens qui sont actifs en cuisinant, les grands coups de couteau en l’air… Du coup j’avais pas mal regardé ces choses-là. Et c’est vrai que ça a influencé aussi la manière de dessiner. Il y a quelque chose qui frôle parfois le grotesque dans des choses qui peuvent être voyeuristes, ou violentes, ou des épreuves qui sont complètement absurdes. Je sais qu’esthétiquement ce sont des choses que j’avais envie de toucher aussi. C’est quoi le spectacle, en fait ?
Les deux premiers tomes étaient écrits quand le premier est sorti, il me semble. Est-ce que vous avez retouché des choses par rapport aux retours que vous avez eus quand le premier tome est sorti ? Ou est-ce que l’histoire n’a pas bougé ?
NW : Peut-être quand j’ai eu des retours de gens sur le deuxième tome, ça a un petit peu influencé… Mais pas tant que ça. Parce qu’il était déjà enclenché. C’est quand même un processus assez long, l’écriture vient un peu en premier. Mais ils n’ont pas été écrits en même temps ! Le premier a été écrit, il est sorti, puis le deuxième a été écrit, il est sorti, puis le troisième a été écrit. Donc forcément, il y a eu une influence du temps qui a passé. J’avais envie que le temps qui passe fasse mûrir un peu les idées. Il y avait des idées qui étaient là dès le départ. Je vais pas spoiler le tome 3. Il y a des choses qui se passent, mais il y a plein de choses où le comment on y arrive n’était pas du tout clair. Tout ça s’est construit au moment de l’écriture.

Exarcheia. L’Orange amère © Futuropolis 2016
Ensuite, je voulais parler un peu de la rencontre avec la maison d’édition, puisque hormis un album chez Futuropolis, Exarcheia – L’Orange amère, que vous avez sorti en 2016, Nicolas, vous travaillez chez Sarbacane depuis pas mal d’années. Comment s’est faite la rencontre avec cette maison ?
NW : C’était à la sortie des études de bande dessinée. On avait fait un dossier et Sarbacane avait accepté de le publier. C’était Les Pieds dans le béton, ma première bande dessinée, avec Mikaël Ross, qui maintenant est au Seuil et vient d’y sortir une bande dessinée [NDR : Le Nirvana est ici] qui a l’air trop bien ! Ça a commencé avec lui. De fil en aiguille, quand il y avait des projets, ça collait bien avec la ligne éditoriale de Sarbacane. On a aussi appris à travailler ensemble. J’ai beaucoup ramené les gens que je connaissais à Sarbacane, puisque j’ai travaillé avec Mikaël [Totem, 2016], et puis avec Michele Foletti [Les Égarés de Déjima, 2018], avec qui j’étais aussi aux études.
MVG : Lisez ses BD !
Michele Foletti qui est devenu votre conjoint, Mathilde, on l’a compris à vos remerciements à part dans les albums. Et il vient vous chercher à la cave dans votre post Instagram (rires).
© Mathilde Van Gheluwe 2022
MVG et NW: (rires).
MVG : Lisez ses BD ! (rires)
On note : lire les BD de Michele Foletti.
NW : Oui, c’est trop bien !
D’ailleurs, Mathilde, il vous a beaucoup aidée apparemment, d’un point de vue technique, à passer à la couleur alors que vous travailliez en noir et blanc.

Pendant que le loup n’y est pas © Atrabile 2016
MVG : Oui, oui. Moi, je dois dire que c’était une BD qui était super challenge parce que, pour reparler de Sarbacane, moi j’ai publié deux BD chez Atrabile avant ça [Pendant que le loup n’y est pas, avec Valentine Gallardo, en 2016, et Funky Town – L’Histoire de Lele en 2020]. Donc le choix était facile d’aller vers Sarbacane, parce qu’Atrabile ne fait pas de jeunesse. Il n’y avait pas de trahison ! Il n’y avait pas de regrets non plus. Ça s’est fait assez naturellement. Et puis toi, tu avais sorti plein de livres chez eux. Donc c’était vraiment très organique. Mais c’est vrai que, déjà au niveau du scénario, c’était un challenge incroyable. Pour les personnes qui ne savent pas dessiner des voitures, il fallait dessiner des voitures, des gens qui bougent, des scènes d’action… Je n’avais jamais fait de scènes d’action. J’étais dans des BD qui étaient plutôt contemplatives. Il fallait développer aussi du character design de manière très précise, ce que je n’avais pas fait avant. Vu qu’on se pose tout un tas de questions, il y avait aussi des questions esthétiques au niveau de la représentation. Essayer d’éviter au maximum la réappropriation culturelle quand on crée des sociétés entières qui n’existent pas. Donc aller fouiller dans les dossiers européens de la représentation… Et puis se poser des questions : « est-ce que je fais de l’eurocentrisme ? » Donc esthétiquement, ça a posé beaucoup de questions. Qui ont été à ce niveau-là vachement soutenues par Nico. Et puis d’un point de vue technique, j’ai eu la chance d’être à ce moment-là dans le même atelier que toi et que Michele. Michele, ça a vraiment été – je faisais des blagues là-dessus sur Internet – une forme de mentor dans le sens où il passait parfois deux heures par jour à me montrer les raccourcis sur Photoshop (rires), à me montrer qu’il faut verrouiller ses calques, c’est quoi un masque d’écrêtage et des choses comme ça (rires). C’était vraiment la base de la base. Je n’avais jamais travaillé la couleur, je travaillais de manière extrêmement analogue avant. Heureusement qu’il était là parce que je pense que sinon ce travail aurait pris déjà beaucoup plus de temps. Je ne me serais pas tant améliorée. C’est pour ça que je le remercie sincèrement dans chacun des livres parce qu’il a vraiment soutenu techniquement ce travail-là. Heureusement qu’il était là.

Le Grand Tournoi © Sarbacane 2022
Dans vos remerciements, ce qu’on constate également c’est que la collaboration entre vous deux s’est très très bien passée. Est-ce qu’on va retrouver votre duo sur d’autres projets ? En rapport ou non avec Magda. Parce qu’on pourrait imaginer des aventures de Kourou par exemple ou les voyages de Minga Verde…
NW : Moi, j’avais des idées comme ça, de dire que chaque personnage pourrait avoir…
MVG : … sa propre saga.
NW : Si Magda avait fonctionné dix fois ce que ça a fonctionné, peut-être (rires). Mais là c’est difficile de faire une franchise.
MVG : Je pense qu’on a encore envie de travailler ensemble mais qu’on a trop d’idées. Notre but ce n’était pas de faire une série…
NW : … qui nous occuperait toute notre vie.
MVG : Oui, c’est ça.
Vous voudriez plutôt faire quelque chose ensemble mais autre chose.
NW : Oui, c’est plutôt un idéal d’écriture, se dire que si on a l’impression que chaque personnage pourrait avoir sa propre série c’est plutôt bon signe, ça veut dire que les personnages sont assez riches. Ce n’est pas pour autant qu’il faut faire une série avec tous les personnages. Mais ça veut dire qu’il y aurait le potentiel, ça veut dire que les personnages ont été plutôt bien construits.

Le Combat des cheffes © Sarbacane 2023
Là j’imagine qu’en dédicace par exemple les gens qui ont lu l’album doivent vous demander des personnages très différents, on ne vous demande pas tout le temps Magda.
NW : Ils sont timides, hein, les gens. « Comme vous voulez. »
MVG : Je crois que c’est 95% Magda et puis les 5% restants c’est disputé entre la grand-mère, Kourou et Hector. Personne ne demande le Golden Gourmet (rires). Pas chouette, parce qu’il a des super cheveux, que j’aime dessiner. Mais non, c’est vrai que généralement moi je demande aux gens s’ils veulent un personnage et généralement c’est Magda. Ce qui m’arrange très bien !
C’est vrai que les personnages ont tous un caractère propre. On peut s’identifier plus ou moins.
MVG : C’est vrai que je crois qu’on a été timides. Ce n’était pas une discussion qu’on a abordée tout de suite après Magda en disant « c’est bon, on refait cinq livres ensemble, let’s go »., mais je crois qu’on avait tous les deux… On n’est pas parti dégoûté ! Ok, ça a bien fonctionné. Il faut se remettre d’une série comme ça parce que c’est intense comme travail. Et puis, pour l’histoire, on y a mis beaucoup de nous-mêmes aussi, on s’est posé beaucoup de questions donc je crois qu’il faut un peu souffler.

Par-delà les étoiles © Sarbacane 2024
NW : On a assez bien soigné la relation pour qu’elle puisse être un terreau fertile si jamais on veut… Et puis en même temps, c’est sain après cinq ans de faire d’autres projets et de se retrouver puisqu’on continue d’être amis. On travaille au même endroit (rires). Donc on est amenés à se revoir.
Vous avez d’autres projets peut-être chacun de votre côté ? Si vous pouvez en parler.
MVG : Moi j’ai fait ce truc génial – je ne le recommande pas, c’est ironique (rires) – de me dire que je pouvais faire deux trilogies en même temps, en parallèle.
Parce que pourquoi pas…
MVG : Oui, après tout ! (rires) Et heureusement je ne l’ai pas fait ! Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas possible. Donc là je vais clore ce projet-là : la trilogie Funky Town chez Atrabile. Et puis il y a d’autres projets qui sont un peu sur le feu comme ça, à mijoter. Il y a une autre BD jeunesse qui va, j’espère, bientôt exister chez Biscoto.
Vous avez fait Les Chocottes chez Biscoto, avec Michele Foletti.
MVG : Oui. C’est justement avec lui. On va essayer de faire une version longue de ces deux personnages. C’est un univers un peu de l’ordre du paranormal. On va essayer de faire du thriller pour enfants. Chair de poule en moins fort ! Parce que Chair de poule, ça faisait vraiment peur (rires).
NW : Moi, j’ai eu un enfant il y a deux ans et ça fait que je me suis un peu concentré sur la parentalité. Là je suis en train de remettre des collaborations possibles en route. Mais ce n’est pas toujours facile. Je travaille souvent avec des gens avec qui je m’entends vraiment bien. Alors, une fois que j’ai travaillé avec ces gens-là et qu’il faut travailler avec des gens que je rencontre, c ‘est quelque chose à mettre en place ! Je n’ai pas envie de faire des scénarios qui pourraient fonctionner avec n’importe quel dessinateur ou dessinatrice. Moi j’aime bien écrire pour quelqu’un, en relation avec quelqu’un. Je pense que ça se sent dans les livres quand il y a eu cette alchimie. Là, il y a des choses qui sont en train de se remettre en route. Je ne peux pas trop en parler. J’ai deux projets en cours et d’autres dans ma tête. Là j’en ai plein (rires). Ça bouillonne !
À la fin de chaque tome, il y a des recettes. Pour les deux premiers, c’est vous qui les avez imaginées. Pour le troisième, il y a eu un concours, ce sont des lecteurs et des lectrices qui vous ont envoyé leurs recettes. J’imagine que ça doit vous toucher de vous dire que les gens sont rentrés dans votre univers à ce point-là ! Vous en avez reçu beaucoup ?
NW : Il y a eu une présélection par la maison d’édition. Mais on en a quand même lu pas mal et on a choisi. On était assez d’accord. Il y avait des recettes vraiment super. Il y avait beaucoup de sucré, c’était amusant. On n’insiste pas beaucoup sur le sucré. Je crois que c’est parce que moi je ne cuisine pas beaucoup de sucré (rires). Mais les recettes qui ont été proposées sont trop belles. Au début, on voulait même nous aussi mettre des recettes. Mais il y avait tellement de chouettes recettes qui étaient proposées qu’on s’est dit qu’on allait mettre que des recettes des enfants ! On ne les a pas toutes essayées, encore. Toi, tu as essayé (rires)…
MVG : J’essaye d’essayer toutes les recettes des livres, même avant publication pour les tester. Et là je n’ai pas eu le temps. Mais par contre je dois dire… Il fallait les dessiner, ces enfants ! Et du coup ils ont envoyé des photos d’elles et d’eux. Nous on commençait à promouvoir le bouquin, à rencontrer le public, mais c’est là que je me suis dit : « il y a des gens qui vont se rappeler de ce livre quand ils auront 35 ans ». Et je trouve ça trop touchant ! Il y avait un petit garçon qui avait envoyé des photos de lui en costume de cuisinier. Et j’étais là « oh mon dieu, c’est trop beau ! Bravo d’être comme ça. »
Et quand il participera à un concours, il dira « J’ai lu Magda ! »
MVG & NW : C’est ça (rires).
Et certains sont venus nous voir en dédicace ?
MVG : Oui
NW : Des enfants qui ont envoyé des photos ?
MVG : Oui.
NW : Ah, moi, je n’en ai pas vu.
MVG : Il y a une petite fille qui est venue quand j’étais en dédicace à Paris. Roxane. Elle était là « tu me reconnais ? » Et puis, puisque j’avais vu sa photo, je me suis dit « mais oui, c’est toi ! ». C’était vraiment touchant. Tu avais dit ça, tu avais fait des dédicaces avec Pierre Bailly, et tu avais dit : « c’est un super public, j’aimerais trop faire des livres jeunesse ».
NW : C’est ce qui m’avait donné envie. Je m’étais retrouvé une fois à côté de Pierre Bailly, qui fait Petit Poilu. Et donc, moi, il y avait quelques adultes qui passaient et lui il y avait une file d’enfants. Et les enfants… Il y avait une relation avec lui, je trouvais ça trop beau. Ils ne dissociaient pas tout à fait l’univers des livres. Il disait « tu veux que je dessine quoi ? » : « Je veux Petit Poilu sur un dinosaure ». Et lui il dessinait Petit Poilu sur un dinosaure. C’était trop génial.
MVG : On a eu des enfants plus ou moins en même temps. En dédicace, il y avait plein de moments où je me disais « retiens-toi de pleurer devant ces enfants » tellement c’est émouvant. C’est arrivé une fois avec une autre petite fille à Paris, dans la même librairie d’ailleurs, qui m’avait amené un dessin où elle avait dessiné Magda, sa grand-mère et son papa. J’étais là : « un fan art, je vais mourir, c’est si beau ! ». C’est vraiment super touchant.
J’avais une question concernant l’âge à partir duquel ça peut être lu et compris. Vous aviez une idée précise ou c’est l’éditeur qui vous a orientés ?
NW : C’est plutôt par déduction, vu la forme que ça a pris. On s’est rendu compte que c’était 8-9 ans.
MVG : À partir de 8-9 ans.
NW : À partir de 8-9 ans jusqu’à… 99 (rires).

Le Grand Tournoi © Sarbacane 2022
Pas de limite !
MVG : Ce qui est chouette, c’est de voir qu’on a plein d’amis qui ont acheté le bouquin pour leurs enfants. J’ai été libraire, je dis toujours « ça dépend du niveau de lecture, ça dépend des desiderata »… Mais sachez que notre plus jeune lectrice, Margot, a moins d’un an (rires).
Là on est sur de l’argument marketing !
MVG : C’est la fille d’une amie qui l’a adoré. « Dada ! »
NW : Mon fils tombe souvent sur un Magda parce qu’il y en a plusieurs à la maison… Il y a un tracteur de l’espace et il adore le tracteur ! Mais les enfants développent assez vite la capacité de comprendre des séquences, des séquences d’images.
J’ai noté une ressemblance entre la planche 1 du tome 1 et la dernière planche du tome 3. C’est voulu, bien sûr ?
NW : C’est totalement volontaire !
Plus que la séquence, même la case ressemble. Avec les nuages. Dans une, c’est le truc qui décolle ; dans l’autre, c’est l’oiseau qui va chercher son petit…
NW : C’est un peu l’idée d’un cycle. Mais ça a changé. On n’est plus au même stade du cycle. Parce qu’il y a l’oiseau qui est né (rires).
MVG : Il ne faut pas faire de gros spoilers !
Merci beaucoup !
Merci à vous.
Propos recueillis par Chloé Lucidarme et Nicolas Raduget
Interview réalisée le vendredi 31 janvier 2025.
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