A l’occasion de la sortie récente de son dernier album, Par le pouvoir des dessins animés, nous sommes allés poser quelques questions à Elsa Brants. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi de faire une autobiographie ?
De moi-même, il ne me serait jamais venue à l’idée de faire une autobiographie. Peut-être dans 20 ou 30 ans, mais pas maintenant. C’est une éditrice japonaise qui est venue nous rencontrer sur le stand de mon éditrice lors d’un salon du livre et qui m’a demandé de raconter mon parcours. J’ai réalisé cet album en collaboration avec deux maisons d’édition. La version japonaise est prévue pour le 20 décembre.
Était-ce difficile de devoir vous dessiner ?
Enfant, ado et jeune adulte, j’étais très renfermée, j’avais peur du contact des autres et parler était un supplice. La narration en case, que ce soit en BD ou en manga, était mon moyen d’expression préféré. Je suis donc mon premier personnage et, si mon design a naturellement évolué avec mon expérience, cela ne m’a jamais semblé difficile.
Est-ce qu’il y a des anecdotes que vous n’avez pas osé raconter ?
Le principe de l’album étant de mettre l’accent sur mon rapport au manga, j’ai écarté tout un tas d’anecdotes qui n’en parlaient pas. Pour le reste, je ne pense pas m’être censurée.
Est-ce que toutes les anecdotes racontées vous sont réellement arrivées ou avez-vous été obligée de « romancer » un peu afin d’y ajouter un peu plus d’humour par exemple ?
Je dirai que l’album est fidèle à ma vie à 95%. Je n’ai jamais cambriolé personne… Par contre, j’ai bien fait le mur avec mes sœurs déguisées en Cat’s Eyes… à 11 ans !
Dans le manga, on vous voit avec votre mari, Guillaume Lapeyre. Lui demandez-vous parfois des conseils ? Lui faites-vous relire vos planches ou bien au contraire découvre-t-il vos mangas une fois qu’ils sont finalisés ?
Au début de notre carrière, nous relisions les planches de l’autre. Pas pour conseiller, mais pour avoir un regard extérieur. Maintenant nos plannings surchargés ne nous permettent plus d’en prendre le temps. Il a lu l’album une fois imprimé.
Pensez-vous qu’il est facile d’être un « mangaka français » aujourd’hui ?
C’est plus facile aujourd’hui qu’il y a 10 ans évidemment. Plusieurs très bonnes séries sont sorties, enthousiasmant les lecteurs, ce qui a encouragé les éditeurs à signer avec des auteurs français.
Pensez-vous que le fait d’être une femme change quelque chose ?
C’est toujours une question difficile. Je crois que pour pouvoir y répondre, il faudrait que je vive la même expérience en étant un homme. Comme cela n’est pas possible, je dirais que cela ne change rien.
Je ne sais pas si c’était vraiment votre but en écrivant Par le pouvoir des dessins animés mais pensez-vous que ce manga puisse aider certains jeunes lecteurs qui souhaiteraient se lancer dans une carrière de mangaka en France ?
J’en serai très flattée. Je ne pense pas qu’il n’existe qu’un seul chemin pour atteindre son but, mais il y a quelques constantes : travail acharné, sélection des critiques, méfiance vis-à-vis de contrats malhonnêtes… et travail acharné encore.
J’avoue que je ne connaissais pas du tout Save me pythie mais je me suis empressée de le lire juste après Par le pouvoir des dessins animés. Tout d’abord pourquoi avoir choisi la Grèce antique ? On ne s’attend pas forcément à voir ce thème abordé en manga, même si cela s’y prête très bien finalement.
La mythologie grecque me passionne depuis toute petite. C’est un univers avec lequel j’ai grandi et me suis construite. J’étais tellement immergée dans les mythes, qu’enfant je m’imaginais comment aurait réagi tel héros ou telle déesse dans une nouvelle situation. Save me Pythie est un exemple de ce que j’imaginais à cet âge.
Pythie est une vraie héroïne qui ne se laisse pas faire, qui n’attend pas qu’un beau héros vienne la sauver. Etait-ce important pour vous que le personnage principal soit une femme ?
C’est même primordial. Je lis beaucoup de manga, comics, BD et romans, et si je prends plaisir avec des héros de tout genre, je suis bien obligée de constater que les héroïnes sont en infériorité numérique, ce qui n’est pas du tout représentatif de la vie réelle. J’essaie à mon échelle de rééquilibrer la balance.
Prévoyez-vous une suite à plus ou moins court terme ou au contraire pensez-vous avoir raconté tout ce que vous souhaitiez raconter pour cette série ?
Je pense avoir tout raconté sur Pythie… mais j’ai souvent de nouvelles idées sur des personnages secondaires. À voir avec le temps si j’en ferai quelque chose.
Pour conclure, pouvez-vous nous parler un peu de vos projets futurs ?
Je suis en train de préparer une nouvelle série, toujours aux éditions Kana, toujours sur le ton humoristique, et toujours avec une héroïne forte… Mais comme je n’en suis qu’au début de la création, je ne peux annoncer ni titre, ni date de sortie.
Merci beaucoup !
Propos recueillis par Laëtitia Lassalle
Interview réalisée le 15 décembre 2019.
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