A l’occasion du festival Quai des Bulles, nous sommes allés à la rencontre de Céline Deregnaucourt et Ludovic Villain, deux talentueux artistes ayant signé récemment leur premier album, Eli & Gaston, aux éditions Ankama. Rencontre.
Bonjour Céline et Ludovic. Eli & Gaston marque vos débuts dans le monde de la BD, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Céline Deregnaucourt : Je viens de Lille, j’ai fait mes études d’illustration à Saint-Luc à Tournai en Belgique. Après ça, pendant trois ans, je me suis lancée à mon compte dans l’illustration jeunesse. C’était plutôt tout ce qui était albums jeunesse, livres de contes, manuels scolaires, etc. Ensuite j’ai rencontré Ludovic et il m’a dit « Viens on fait une BD » et on l’a fait. Sinon j’adore les chats, j’en fais la promo à tous les enfants que je croise. Mon créneau ce sont vraiment les animaux, les enfants et les sorcières. Je crois qu’on a fait le tour.
Ludovic Villain : Je viens de Rouen. J’ai quitté assez vite l’école pour faire du graphisme de façon professionnelle et à côté toujours à faire des courts métrages, à écrire beaucoup voire même bosser un peu dans le cinéma, mais à un moment donné ça devenait trop compliqué. Du coup, j’ai continué à écrire en parallèle de mon job de graphiste, j’ai bougé dans le Nord à Lille et c’est à ce moment que je me suis lancé dans l’écriture d’un roman, un truc assez copieux, assez gros. Cela m’a pris quatre ans à l’écrire en parallèle du boulot mais il n’a pas été édité parce que c’était un peu jeune dans l’écriture. Je l’ai mis à disposition gratuitement sur Internet et ça a dû être lu par trois personnes mais ce n’est pas un drame car cela a été formateur. J’ai eu ensuite envie de faire des choses un peu plus concises, telles que des scénarios de bandes dessinées ou pour l’animation. Il y a eu des embryons de projets, comme un pour le Label 619, qui n’ont jamais débouché. Est arrivé le moment où j’ai rencontré Céline, avec qui j’ai des amis communs, et à qui j’ai proposé de travailler avec moi. Nous avions une envie commune d’écrire pour la jeunesse, je trouve cela intéressant pour faire passer des idées et sensibiliser à certaines thématiques.
Réaliser une BD sur les animaux comme Eli & Gaston c’était quelque chose fait spécialement pour Céline ?
LV : Notre rencontre est le fruit du hasard et du coup Eli & Gaston aborde des thèmes que Céline aimait déjà dessiner, que ce soit les animaux ou la nature. Même si ce sont des thèmes qui m’intéressent également, je me suis quand même inspiré de ce que faisait déjà Céline parce que pour moi c’était important que cela corresponde à ce qu’elle aimait dessiner.
CD : C’est sûr que, si Ludovic m’avait proposé une histoire avec des robots et des camions, je lui aurais dis non. Quand il m’a annoncé une histoire qui se déroulerait dans la forêt, j’ai accepté tout de suite, nous avons tous les deux les mêmes influences, cela s’est fait naturellement.
En tant que graphiste de formation, donnes-tu des conseils ou des indications pour la réalisation des planches ?
LV : On avait essayé au début de faire quelque chose de très découpé et très cadré mais en fait ça ne fonctionnait pas, Céline ne suivait pas les indications et ajoutait des cases qu’elle pensait nécessaire. Elise, notre éditrice, nous a dit d’essayer de travailler autrement. Je l’ai donc fait un peu plus comme un scénario de cinéma où il y a une description de la scène et puis le dialogue. Cela est venu du fait qu’on ne savait pas trop si Céline allait être à l’aise avec le découpage vu que c’était sa première BD. C’était la grosse surprise de notre collaboration quand on a vu les premières planches où Céline était libre de faire ce qu’elle voulait, le résultat était créatif, ce n’est pas tous les jours que l’on voit un tel découpage où l’on arrive à faire passer un personnage d’une case à l’autre comme cela. Le meilleur exemple dans l’album, c’est quand le personnage de Tristefeuille circule entre les cases et ne se contente pas d’être juste dans une case.
CD : J’avais fait une première version où justement j’avais été très carrée, j’avais suivi les indications case par case et ça m’a ennuyé. J’ai essayé mais je ne prenais pas de plaisir alors j’ai changé ma façon de faire et je me suis éclatée. A partir du moment où tu t’éclates à faire tes planches, tu ne peux qu’en retirer du positif.
Tu aimes également utiliser une large palette de couleurs au vu de tes planches.
CD : On me parle beaucoup de mes couleurs, je ne sais pas trop comment en parler parce que pour moi c’est un peu naturel. C’est pareil que pour le découpage, si c’est trop réaliste, ça va m’ennuyer. Je cherche toujours à m’amuser, j’essaye de ne pas faire quelque chose de trop classique.
Vous avez tous les deux débuté dans les ouvrages jeunesse, à l’avenir pensez-vous continuer à jongler entre BD et livre jeunesse ?
LV : Peu importe le support, ce qui me fait kiffer c’est de créer des univers. J’adore développer comme ça des mondes, puis faire des sous-entendus laissant penser qu’il y a d’autres choses à explorer mais pour le moment on n’a pas le temps de s’y attarder. A partir du moment où une histoire peut véhiculer un message un peu ludique sans tomber dans le truc moralisateur mais toujours avoir une sous-couche un peu à la Spielberg… j’adore Spielberg, c’est un mec qui arrive à faire des trucs cool, des gros films de divertissement, mais si tu regardes bien derrière il y a toujours un petit message en filigrane. Le gars ne te prend pas la tête en te disant quoi faire.
CD : Je ne suis pas non plus enfermée avec la BD ou l’illustration jeunesse, peu importe le support, cela dépend des projets que l’on me propose. C’est excitant de découvrir un autre support que ceux sur lesquels on a déjà travaillé, ça me plairait beaucoup de travailler sur un jeu vidéo.
Merci à vous !
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 25 octobre 2019.
Toutes les images sont la propriété de leurs auteurs et éditeurs et ne peuvent être utilisées sans leur accord.
Réagissez !
Pas de réponses à “Dans la bulle de… Ludovic Villain et Céline Deregnaucourt”