Alors que le second et dernier tome d’Amère Russie est sortie au printemps, nous avons profité de la présence d’Anlor au festival Quai des Bulles de St Malo pour revenir sur son expérience sur cette série mais aussi de parler de sa prochaine série.
Bonjour Anlor, Amère Russie s’apparente à une sorte de tragédie mais l’humour est malgré tout présent dans les deux albums (on pense à la chienne Milyi). L’humour est-il selon toi employé pour dédramatiser un peu le sujet ?
Je ne sais pas si l’humour est là pour dédramatiser, en fait Aurélien Ducoudray écrit souvent ses histoires avec un fond de comédie donc oui il y a de l’humour et l’histoire d’Amère Russie n’aurait pas ce petit côté pétillant et cette lumière s’il n’y avait pas la chienne et cette petite maman complètement décalée par rapport à la situation de conflit dans la région dans laquelle elle évolue. C’est de ce décalage que naît l’intérêt de l’histoire.
Pour dessiner cette série t’es-tu appuyée sur de la documentation ? As-tu fait tes propres recherches ou Aurélien Ducoudray t’a-t-il aiguillé ?
J’ai consulté des livres de photographes, qui ont couvert le conflit dont ceux de Stanley Greene et Eric Bouvet, ainsi que des documentaires. Aurélien m’a énormément conseillé sur les documents à consulter, il se documente beaucoup en amont en faisant de nombreuses recherches et ça aide. J’ai parfois découvert des séquences dans des documentaires dont il s’était inspiré pour telles ou telles scènes de l’histoire et cela m’a permis de comprendre tout de suite la façon dont il voulait que je traite les choses.
La couleur rouge est omniprésente sur les couvertures des deux albums, pour quelle raison ?
Dans l’album il y a parfois des scènes où le rouge prend le dessus de façon un peu expressionniste mais cela vient de la couverture du tome 1. Du coup pour le tome 2 on a voulu que ce soit en harmonie avec la couverture précédente. Sur le tome 1 on s’était posé la question de faire un fond dans les tons gris/neige qu’on a dans l’album et au final on avait fait les deux versions et la version rouge avait un impact visuel plus marquant.
Eketarina est une femme ordinaire qui va montrer une force de caractère hors du commun pour aller chercher son fils en Tchétchénie. Comment as-tu créé visuellement ce personnage ?
Je l’ai créé très facilement. Dès que j’ai lu le scénario du premier tome j’avais en tête une petite « mamie » avec une tête de pomme toute ronde avec un nez en trompette et des petits yeux pétillants. Idem pour ses vêtements avec son petit foulard rouge et sa vieille parka, c’est venu immédiatement même si j’ai un peu retravaillé le tout par la suite. Au final je n’ai pas eu trente-six versions de ce personnage.
Après les Innocents coupables et Amère Russie, on sent chez toi une envie de mettre en images des récits forts et authentiques un peu délaissé en règle générale. Est-ce le critère de choix pour tes projets ?
C’est en effet souvent un critère de choix car en tant que lectrice c’est ce que j’aime, on est toujours forcément attiré par ce qu’on a envie de lire. Par contre sur le prochain projet je pars un peu plus sur un fond de comédie quand même, on aura un peu moins de dramatique. Le dramatique sera sous-jacent dans cette nouvelle histoire alors que dans les séries précédentes c’est l’humour qui est sous-jacent.
Peux-tu nous en dire plus sur ce nouveau projet sur lequel tu travailles ?
Ce sera à nouveau en collaboration avec Aurélien Ducoudray, ça s’appellera A coucher dehors et ce sera toujours dans la collection Grand Angle. Ça parlera de trois clochards qui vivent sur les quais de Seine et qui héritent du jour au lendemain d’un petit pavillon en banlieue mais ils héritent en contrepartie également de la tutelle du fils handicapé de la femme qui est décédée. Le fil trisomique n’a qu’une passion, c’est Youri Gagarine et partir dans l’espace. Il s’agira également d’un diptyque, j’ai déjà dessiné la moitié de l’album donc j’ai bon espoir que le premier tome sorte en septembre 2016.
La collection Grand Angle permet de raconter ce type d’histoires comme tu le sais, te vois-tu poursuivre dans cette collection ?
Je suis super heureuse chez cet éditeur qui me donne satisfaction à tout niveau. Je suis donc heureuse de pouvoir réaliser cette nouvelle série chez eux parce que Grand Angle est beaucoup basée sur des récits historiques mais depuis quelques années ils arrivent à sortir des récits beaucoup plus sentimentaux tels que les albums de Jim. Cela offre de belles perspectives pour l’avenir.
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 24 octobre 2015.
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