Titre : La Dame Blanche
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Quentin Zuttion
Éditeur : Le Lombard
Parution : Janvier 2022
Prix : 22,50€
Estelle travaille à la maison de retraite « Les Coquelicots ». Avec sa collègue Sonia, elle fait la toilette mortuaire de Madame Suzanne, partie dans la nuit. Malgré cet instant éprouvant, où les infirmières sont très professionnelles et respectueuses de leur pensionnaire qu’elles côtoyaient tous les jours et aimaient beaucoup, elles ne peuvent s’empêcher de rire en entendant un bruit provoqué par la décomposition du corps. Bien que ce ne soit pas la première fois qu’Estelle vive cette situation, elle a du mal à annoncer le décès à la famille. Elle est véritablement choquée. Tout comme l’est Germano qui était proche de Suzanne. Heureusement, la jeune femme a une vie en dehors de l’établissement et entretient une relation plus ou moins sérieuse avec Damien. Cependant, son quotidien au service des résidents, avec lesquels elle tisse des liens assez forts comme Sophie qui a décidé de l’appeler Éva, semble l’en éloigner. Chaque jour qui passe donne l’impression qu’elle perd pied avec la réalité. Sa réalité !
S’il y a bien une lecture marquante en ce début d’année 2022, il s’agit de La Dame Blanche de Quentin Zuttion. Très présent sur les réseaux sociaux et connu notamment pour son blog, l’auteur livre, pour son premier album chez Le Lombard (un second est prévu au mois d’août 2022 : Toutes les princesses meurent après minuit), un roman graphique émotionnellement très fort sur la fin de vie, une œuvre basée sur sa propre expérience car il a travaillé comme étudiant dans un EHPAD où il faisait le ménage dans les chambres des résidents. Estelle, son personnage central, est des plus ambigus et à travers ses agissements, ainsi que ceux des retraités, c’est une réalité non biaisée qui est mise en avant. Une vérité, de celles que nous n’aimons pas forcément regarder en face. Sans contestation possible, cette œuvre est également un vibrant hommage à un corps de métier essentiel mais trop peu valorisé car malheureusement méconnu. Ce sont ces hommes et ces femmes qui lavent, donnent à manger, jouent au scrabble, font danser, jouent des rôles ou accompagnent dans leurs dernières heures des êtres qui nous sont chers. Le bleu monochrome utilisé pour la mise en couleurs est très judicieux car il permet un contraste saisissant avec certains moments de vie en dehors de l’établissement des “Coquelicots” ou avec le rouge de la cigarette qui image la transgression. Le titre, sans équivoque, est une métaphore de la mort bien évidemment liée à la légende éponyme.
Une œuvre puissante et bouleversante !
Stéphane Girardot
Réagissez !
Une réponse à “Dame Blanche (La)”