Titre : D’onyx et de bronze – Histoires de zoos humains
Scénariste : Sybille Titeux de la Croix
Dessinateur – Coloriste : Amazing Améziane
Éditeur : Editions du Rocher
Parution : Février 2022
Prix : 19,90€
À travers cinq histoires de zoos humains se déroulant aux XIXe et XXe siècles, les lecteurs découvrent comment s’est façonné le racisme moderne. Tout débute en 1857, en Afrique, où le naturaliste Kyle Anderson participe à une expédition partie à la recherche du chaînon manquant entre l’Homme et l’animal chez les Niams-Niams, une tribu d’hommes à queue de singe. Ensuite, c’est en Louisiane que nous avons rendez-vous. Nous sommes en 1859 et c’est aux côtés des descendantes de Scylla que nous est contée son histoire. Jeune esclave, elle a été vendue à Eliott King qui l’a exploitée pour son spectacle de freaks. Que ce soit en 1882 au Jardin d’Acclimatation ou en 1900 au sein du célèbre cabaret L’Enfer, la capitale française est aussi le théâtre de certaines abominations. En effet, à Paris, dans le premier lieu une famille de Kaliñas est exposée dans un zoo humain et dans l’autre des danseuses africaines sont les victimes du désir d’hommes avides d‘exotisme. Pour finir, direction la Pologne où, en 1941, une famille subit une batterie d’interrogatoires afin de prouver la pureté de ses origines et éviter la déportation. En vain.
Nul besoin de présenter Sybille Titeux de la Croix (1984, d’après George Orwell) et Amazing Améziane (Miss Davis). Indissociable dans l’univers de la bande dessinée comme à la ville, le duo propose avec D’onyx et de bronze un nouvel album très engagé comme il a l’habitude de le faire. Ici, il est question de la manière dont s’est exercé le racisme moderne de 1891 à 1941 à travers cinq histoires où la subtile plume de Sybille Titeux de la Croix transporte littéralement le lecteur en son cœur. En effet, la scénariste, inspirée par des faits réels, livre de textes tellement bien écrits qu’ils occultent en partie la laideur des situations. Remarquons que le dernier chapitre, Volksgemeinschaft, bien qu’il soit tout aussi horrible sur le fond que les précédents, vient rompre une certaine continuité dans la trame. Bien évidemment, à l’efficacité des mots vient se superposer la percussion de la mise en images d’Amazing Améziane. Le dessinateur, qui ne s’interdit rien en termes graphiques, utilise plusieurs styles pour illustrer les cinq saynètes. Cela va du dessin classique aux personnages ombrés façon Frank Miller en passant par des découpages assez osés où la mise en couleurs est toujours originale et bien sentie. L’ensemble sert très bien les écrits et nous régale en même temps.
Un album percutant pour ne pas oublier les origines d’un mal !
Girardot Stéphane
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