
© 2020 Albin Michel
Titre : Les Croix de bois
Scénariste : JD Morvan
Dessinateur – Coloriste : Facundo Percio
Éditeur : Albin Michel
Parution : Septembre 2020
Prix : 19,90€
Août 1914. Roland Dorgelès sollicite une lettre de recommandation de son rédacteur en chef, Georges Clémenceau, pour pouvoir s’engager dans l’armée à l’occasion de la guerre débutée contre l’Allemagne. Réformé deux fois quelques années plus tôt, le journaliste est optimiste sur la durée et l’issue du conflit, et il espère, en plus de faire son devoir, avoir de quoi nourrir ses futurs articles. Mais la réalité le rattrape bien vite. Pas lors de son incorporation à Rouen, où l’esprit de corps lui fournit des personnages hauts en couleur, mais lors de son arrivée au front. Ce quotidien amer, loin de ses soirées parisiennes, est celui qu’il fera vivre à Gilbert Demachy, le héros de son roman Les Croix de bois…
« Je ne devais jamais l’oublier, cette scène de départ, dans son désordre réjouissant. Quand je commençai Les Croix de bois, ce fut tout naturellement celle qui surgit la première du flot de mes souvenirs. »
Jean-David Morvan réussit à proposer une adaptation personnelle du célèbre roman de Roland Dorgelès sans altérer le moins du monde toute la force et le réalisme qu’il contient et qui a fait sa renommée dès sa publication auprès des lecteurs comme des anciens combattants qui y ont retrouvé leur vécu. En mêlant le contenu du livre, ses personnages et leurs mésaventures, à l’histoire même de l’écrivain, avant, pendant et après son incorporation, le scénariste appuie la volonté de son auteur de raconter son histoire à travers des doubles de fiction. Une double mise en abime qui fonctionne puisqu’elle explique ainsi les circonstances de l’écriture de ce chef d’œuvre. Si cette idée est brillante, la représentation graphique faite par Facundo Percio l’est tout autant. L’artiste argentin expérimente une nouvelle technique dont le rendu est assez sensationnel. Les passages fictifs tirés du roman sont ainsi représentés par un trait charbonneux et une couleur ocre omniprésente, contrastant avec un trait plus fin et précis, ainsi que des couleurs plus variées mais majoritairement gris bleuté, pour les scènes impliquant Roland Dorgelès. L’éditeur Albin Michel ayant fait les choses bien pour cet album de 98 pages, le rendu général est magnifique.
Une adaptation à la fois fidèle et originale, réalisée à la perfection de bout en bout.
Arnaud Gueury
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