
© Casterman
Titre : Le Crépuscule des idiots
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Paul Krassinsky
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2016
Prix : 25,95€
Dans la vallée de Jigokudani, surnommée la vallée de l’enfer, le vieux singe Fukuto tape deux enfants qui s’amusent à prier Diou. Leur mère, venue les défendre prétextant qu’ils ne dérangeaient personne, reçoit la même punition. Il entreprend, pour expliquer son geste, de leur raconter à tous les trois l’histoire de leur peuple qui est aussi celle de celui à qui Fukuto doit d’être ici : Nitchii. Son récit commence ainsi : « Certains humains sont bêtes comme des singes, dit-on. Mais il est aussi des singes qui sont sots comme des humains ! » Et c’est exactement le cas des macaques du clan, dirigé d’une main de fer par Taro qui régnait impitoyablement jusqu’au jour où Rhésus tomba du ciel avec sa capsule spatiale près de leur source d’eau chaude. Ce dernier affirmait venir de très loin après avoir traversé des espaces infinis pour porter la parole de Diou ! Il fut vite proclamé prophète et un grand bouleversement s’opéra dès lors. Mais au fait, Diou existe-il vraiment ? Là est toute la question !
Le Crépuscule des idiots est une satire qui porte sur la naïveté de certains et la religion, les prophètes et la parole qu’ils apportent. Trois cents pages méticuleusement pensées où Jean-Paul Krassinsky (Le singe qui aimait les fleurs, Kaarib) a choisi de mettre en scène des macaques plutôt que des hommes – façon fable de Jean de La Fontaine – pour ne pas froisser leur ego et avoir le recul nécessaire pour traiter son sujet, et nomme le Dieu vénéré « Diou » pour ne pas blasphémer. De fait, toute ressemblance avec des personnages connus et un certain livre ne sont absolument pas un hasard ! Et, afin de rajouter un décalage supplémentaire, il faut savoir que le récit prend place en grande partie autour de la source d’eau chaude de Jigokudani au Japon où se situe de nos jours le parc aux singes. Quoi qu’il en soit, les croyants risquent de rire jaune, les athées se bidonneront et les agnostiques rigoleront mais se poseront encore des questions. Au final, cette bande dessinée ne laisse absolument personne sans réaction et pousse à la réflexion. Objectivement, la lecture glisse toute seule tellement c’est drôle ! Pour le coup, Jean-Paul Krassinsky livre une interprétation graphique de cette « parabole » qui est très réussie et juste dans le ton. De plus, le travail à l’aquarelle – où l’auteur fait montre d’une belle sensibilité – est tout à fait en phase avec les ambiances et les décors japonais. Nous finirons en saluant l’hommage fait à ces singes envoyés dans l’espace par la N.A.S.A entre 1950 et 1960 dans le cadre du projet Mercury. Certains n’en sont jamais revenus, à moins que….
Une lecture drôle derrière laquelle se trouve une profonde réflexion. Et, comme le disait Pierre Dac : « On peut rire de tout, mais pas pour rien ! »
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Crépuscule des idiots (Le)”
4 mai 2019
Petite Bédéthèque des Savoirs (La) #24 - La Ribambulle[…] bien cet album. Rien d’étonnant pour celui qui a déjà abordé le thème de la crédulité dans Le crépuscule des idiots. Sans surprise, nous avons là encore un excellent opus introduit par une préface, parfaitement […]