Titre : Célestin et le cœur de Vendrezanne
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Gess
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
Parution : Avril 2021
Prix : 25,50€
Réseau tentaculaire qui étend son influence sur tous les quartiers de Paris, la Pieuvre possède sa base en l’auberge du même nom. C’est là que s’y réunissent chaque jour ses quatre dirigeants, sous l’œil de leurs hommes et du fidèle personnel à leur service. Parmi eux, le discret et serviable Célestin fait office de serveur zélé et souriant au milieu de la canaille. Si personne ne le remarque presque, c’est qu’il cache un secret, son « talent » : discerner l’âme des gens et les voir tels qu’ils sont réellement au fond d’eux. Afin que la Pieuvre ne l’utilise pas pour ses méfaits habituels, Célestin accomplit son devoir dans l’ombre, sans faire de vagues. Mais l’apparition d’un jeune garçon ayant causé du tort à la Pieuvre, ainsi qu’un drame touchant l’Œil et menaçant sa progéniture, vont le forcer à s’exposer…
« Jamais je n’ai divulgué ce que mon don me montre de chacun. On me nomme Célestin. Je suis serveur à l’auberge de la Pieuvre. Des êtres étranges et effrayants, j’en croise. Au-delà de l’apparence, je ressens l’âme des gens. »
Une pierre de plus au merveilleux édifice construit par Gess ! En revisitant Les Mystères de Paris à sa façon, agrémenté d’éléments fantastiques habilement insérés à l’intrigue, le créateur de cet univers obsédant semble pousser plus loin sa virtuosité narrative et graphique à chaque tome. Ce nouveau volume conséquent de plus de 190 pages, paru seulement deux ans après le précédent malgré d’autres albums très différents produits entre-temps, s’attache donc tout particulièrement aux racines-mêmes de la Pieuvre, à travers le personnel de l’auberge et son serveur, l’attachant Célestin, être pur et généreux. La prouesse est de suivre ses pas, tout en développant tous les personnages gravitant autour de lui, notamment Mademoiselle Rose et le « Gros », fort bien écrits. En plus de cette galerie haute en couleurs, riche et vivante, toute l’intrigue autour du cœur de Vendrezanne est épatante. Cette légende urbaine fictive inscrit davantage le récit dans la culture populaire parisienne que l’auteur met en scène et complète à merveille l’histoire de Célestin. Enfin, et même si ce n’est pas l’ultime qualité de cette œuvre, le graphisme est une nouvelle fois époustouflant. En plus du rendu « vieux livre » avec ses taches en bord de pages, l’alternance entre la réalité et ce que voit le héros est habilement exploitée, en particulier par sa colorisation. Une réussite d’un bout à l’autre de la chaine !
Un nouvel album extraordinaire pour une série d’anthologie.
Arnaud Gueury
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Une réponse à “Contes de la Pieuvre (Les) #3”