
© 2015 Casterman
Titre : Comment naissent les araignées
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Marion Laurent
Éditeur : Casterman
Collection : Univers d’auteurs
Parution : Mars 2015
Prix : 23€
États-Unis, années 90. Il y a cette jolie jeune fille blonde, Alice, qui est un peu perdue et aimerait trouver l’amour. Elle a l’impression d’être trop couvée par ses parents mais heureusement elle peut se confier à son oncle. Elle aime la danse aussi. Tout comme Billie, son amie noire qui aime un blanc, ce qui ne plait pas à son frère Léo qui est constamment sur son dos depuis que leur père travaille sur une plateforme pétrolière. D’ailleurs, il a souvent un comportement abusif et injuste vis-à-vis de sa sœur. Puis vient Isadora, l’alcoolique qui zone devant le restaurant de Bernie. Elle n’a pas toujours été ainsi. Peut-être que ses mauvais choix l’ont poussée dans la rue. Ou bien elle s’est imposée cette vie pour essayer d’oublier ou encore fuir la vérité. De temps à autres, Dwight lui donne les restes qu’il récupère chez Bernie où il travaille. Lui, son truc c’est le dessin. Mais ce qu’il préfère par-dessus tout, c’est dessiner Barbarella. Sa Barbarella aux yeux tristes… Alice.
Pour un premier récit complet, Marion Laurent fait très fort et vous embarque littéralement dans une histoire de plus de 150 pages où des destins se croisent et s’influencent avec une charge émotionnelle très prononcée. Au travers de cinq chapitres – dont quatre sont consacrés aux différents protagonistes et un relatant le road movie des trois personnages féminins – de nombreux thèmes sont abordés avec une justesse que l’on retrouve dans le ton et les dialogues. Que ce soit Alice, Billie, Isadora ou Dwight, chacun d’entre eux essaye de régler des problèmes personnels et reçoit indirectement (ou pas) une aide providentielle afin de les résoudre. Une lecture à la fin de laquelle on ne ressort pas vraiment indemne. Le genre de récit qui vous assoit et vous fait prendre du recul sur votre propre vie. De belles influences cinématographiques transpirent des divers cadrages. De plus, certaines situations communes, vécues et présentées sous différents angles selon les chapitres/personnages, aident à une compréhension plus profonde du récit. Graphiquement, le trait marqué de la dessinatrice tend à l’essentiel pour être le plus efficace possible. Dans ce domaine, la réussite est également présente. Le tout est rehaussé par une palette chromatique aux tendances rouges à la fois lumineuses et sombres à l’instar des existences croisées.
Un magnifique roman graphique. Incroyablement surprenant !
Stéphane Girardot
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