- Titre(s) : Circuit court – Une histoire de la première AMAP
- Scénariste(s) : Tristan Thil
- Dessinatrice(s) - Coloriste(s) : Claire Malary
- Editeur(s) : Futuropolis
- Parution : Octobre 2023
- Prix : 23,00 €
- EAN : 9782754833219
Sur la baie de Minimata, en 1957, pour les remercier de chasser les rats qui rongent leurs filets, les pêcheurs ont pour habitude de donner aux chats errants les petits poissons qu’ils ne pourront pas vendre. Mais les pauvres chats sont bientôt victimes d’un mal mystérieux qui les pousse au suicide. Est-ce une nouvelle malédiction de Rascar Capac ? Loin s’en faut ! L’explication n’est pas irrationnelle. Les pauvres bêtes ont tout simplement été intoxiquées à cause de l’eau polluée par l’usine pétrochimique voisine. Ce fléau se répand rapidement à l’homme et fait des milliers de victimes de maladies, essentiellement neurologiques, sur plusieurs générations. Il fera naître plusieurs réflexions combinées à une remise en cause de l’agriculture industrielle, comme le mouvement coopératif des Teikei, au Japon, mais n’arrivera en France qu’au début des années 2000. Cet album raconte la genèse et la vie de la première AMAP française, située aux Olivades, dans le Var.
Loin des bandes dessinées trop pédagogiques qui envahissent fréquemment les étals, oubliant parfois qu’elles devraient aussi divertir leurs lecteurs, Circuit court ne tombe pas dans ce piège. Le thème aurait pu s’y prêter mais Tristan Thil et Claire Malary, qui se mettent en scène au cours de leur enquête, ont fait un choix judicieux : celui de raconter l’histoire de cette première AMAP française très simplement, en synthétisant très bien les témoignages, sans trop en rajouter, et cela suffit très bien à saisir un concept général qui apparaît aujourd’hui comme du bon sens alors que c’était loin d’être évident au début. Les différents moments de la réflexion sont bien amenés et, du contexte initial (racines japonaises puis américaines) jusqu’à la situation actuelle, sont tous très intéressants. Le choix graphique, non pas du noir et blanc, mais du gris-vert et blanc, pourrait surprendre au début voire déplaire mais, mea culpa, on s’y habitue très bien, et il permet notamment à Claire Malary de bien varier les nuances de ses couleurs à l’aquarelle. Élément secondaire mais à souligner, quelques recettes sont données au gré des saisons traversées par le livre, comme pour rappeler qu’il s’agit bien de manger, au final. Derrière l’aventure humaine, fort bien racontée, c’est tout un modèle économique qui continue d’être remis en cause.
Une BD qui devrait être d’utilité publique.
Nicolas Raduget
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