
© 2019 Casterman
Titre : Miss Bengalore
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur – Coloriste : Félix Delep
Coloriste : Jessica Bodard
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2019
Prix : 15,95€
Après avoir construit un château et l’avoir transformé en ferme, les humains ont quitté les lieux pour une raison que nul ne connait. Une aubaine pour les animaux qui pensent pouvoir vivre en toute quiétude et libérés du joug de l’Homme en instaurant une « République » qu’ils souhaitent profitable pour tous. Mais la loi du plus fort pointe rapidement le bout de son nez et une dictature s’impose. Ainsi, le taureau Silvio dirige la basse-cour comme un véritable tyran, en inspirant la peur avec l’aide de sa garde de chiens féroces et du coq. Malgré la résignation, une révolte gronde mais elle finit immédiatement dans un bain de sang. Pour que personne n’aie envie de recommencer, le corps de l’oie Marguerite, à l’origine du mouvement, est « cloué » sur la porte du grenier central. Après la poule, accusée d’avoir volé un œuf, passée au poteau de justice, tout le monde courbe à nouveau l’échine malgré l’indignation. Jusqu’au jour où Azélar, un rat conteur itinérant, réveille certains esprits lors de son spectacle. Son apparition marque le point de départ d’actions non-violentes auxquelles la chatte Miss Bengalore, une formidable mère-courage, et le lapin César, véritable bourreau des cœurs, prennent part contre toute attente.
Voilà la pépite de la rentrée ! Contrairement à ce que laisse penser le titre, cette bande dessinée n’est pas une réécriture de La Ferme des animaux de George Orwell publiée en 1945. Toutefois, cette oeuvre constitue une référence majeure pour le scénariste. D’ailleurs, Xavier Dorison (Aristophania) a choisi pour son récit en huis-clos des animaux, des personnages et un lieu différents et surtout, convaincu que la violence ne résout rien, il y a incorporé des armes non-violentes de résistance à la dictature. Comme cela a été le cas dans les mouvements de libération en Inde, en Afrique du Sud, en Pologne ou encore lors de la révolution en Serbie, où les gens étaient prêts à mourir pour la liberté et non à tuer pour elle. Vous avez ici la deuxième source d’inspiration qui a donné naissance à ce Château des animaux. L’album se dévore littéralement. D’autant plus que les personnages sont parfaitement bien choisis et définis. On adhère derechef à l’idée qu’une frêle chatte, un vieux rat et un chaud lapin, un trio improbable, s’oppose à un puissant taureau et sa horde de cruels chiens. L’écriture est subtile et joue avec nos cœurs en basculant de l’humour à l’horreur en un claquement de doigt. Si l’ensemble fonctionne merveilleusement bien, c’est aussi grâce à l’interprétation graphique qui en est proposée par un « petit nouveau » dans le monde du 9ème Art : Félix Delep. Découvert au hasard de quelques images glanées sur le net par les éditions Casterman, le jeune dessinateur, qui publie ici sa première BD, s’impose déjà comme un grand. Pour faire simple, l’impact de son travail provoque les mêmes effets qu’un certain Juanjo Guarnido ! C’est époustouflant de constater avec quelle facilité l’auteur rend les animaux aussi expressifs et humains, bien aidé en cela par la mise en couleurs réalisée à quatre mains avec Jessica Bodard. Petite anecdote sympathique : Félix Delep a suivi les cours de scénario dispensés par Xavier Dorison à l’école Emile-Cohl ! Les éditions Casterman ont pré-publié le présent ouvrage en trois parties sous la forme d’une gazette – à l’instar des derniers Nestor Burma – et en proposent un tirage de luxe de toute beauté.
Un chef d’œuvre d’écriture et de graphisme à ne rater sous aucun prétexte !
Stéphane Girardot
La bande annonce
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Une réponse to “Château des animaux (Le) #1”
2 décembre 2019
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