Titre : În trecatoare
Scénariste : George Dragan
Dessinateur : Alex Talamba
Éditeur : Mandragora
Parution : Avril 2014
Prix : 7€
Octobre 1916. Deux mois après son entrée en guerre, c’est la retraite pour l’armée roumaine qui quitte la Transylvanie sous la pression de l’armée allemande. Dans un corridor montagneux, la colonne du lieutenant-médecin Danescu est décimée par un bombardement d’obus. Seul survivant au milieu d’une centaine de morts, il se retrouve projeté à la porte d’un monastère orthodoxe perdu au milieu de nulle part. Un prêtre sans âge va le soigner et lui donner à manger. Entre deux offices, ils confrontent leur perception de la vie : pourquoi ce dieu tout-puissant laisse les hommes se détruire et commettre les pires crimes ? Que sont mes amis devenus ? Quel est donc ce lieu étrange où j’erre tout seul ? Mais qui est donc ce vieux barbu qui est venu me sauver alors que la mort allait se saisir de moi ?
Cette BD en langue roumaine ne sort pas exactement de nulle part. Les lecteurs français connaissent Alex Talamba depuis sa collaboration avec Eric Borg (Sidi Bouzid Kids chez Casterman). Depuis sa Bucarest natale, il travaille avec le scénariste George Dragan et Cei de Dincolo : În trecatoare (Ceux de l’au-delà : De passage) est leur troisième album après Elabuga en 2011 et Mila 23 en 2012. Spécialistes dans les méandres de la complexité humaine, ils offrent à chaque fois un voyage fascinant pour le lecteur entre rêve et réalité, et la faucheuse qui n’est jamais très loin. Tamba jongle entre un art du détail particulièrement pointu et une simplicité du trait afin de représenter le chaos dans lequel il transporte son personnage. Pour ne pas gâcher le plaisir, Mandragora, l’éditeur, nous offre un album magnifique en petit format complété d’une galerie qui regroupe les esquisses et des extraits de story-board. En majorité indépendante, la scène BD roumaine émerge depuis quelques années, avec une trentaine d’auteurs de 20 à 30 ans qui refusent la fatalité qui voudrait qu’il est impossible de publier de Iasi à Timisoara.
On espère qu’un éditeur occidental leur ouvrira un jour ses portes pour faire connaître aux lecteurs francophones la richesse graphique et l’amour pour la BD en Roumanie qui dure depuis près d’un siècle.
François Montier
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