Titre : Sainte-Hélène
Scénaristes : Rudi Miel & Fabienne Pigière
Dessinateur : Iván Gil
Coloriste : 1ver2anes
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
Parution : Avril 2021
Prix : 14,95€
5 mai 1821. Napoléon Bonaparte s’éteint sur l’île de Sainte-Hélène, loin de cette Europe qui l’a craint au fil de ses conquêtes. Mais comment l’ancien Empereur a pu chuter jusqu’à un second exil dont il ne reviendra jamais ? Waterloo, juin 1815. La défaite de l’armée française précipite sa fin. Plutôt que de fuir en Amérique, comme certains l’y exhortent, Bonaparte se rend aux Anglais, pensant être assigné à résidence chez l’ennemi. Mais les rancœurs et la vengeance, ajoutés à la crainte d’un nouveau retour en grâce, amènent les autorités britanniques à le conduire sur une île perdue, sous la surveillance constante de l’incorruptible Hudson Lowe, tout en espérant percer le mystère de la localisation d’un trésor de guerre que l’ogre corse aurait ramené d’Egypte…
« Buonaparte ne pourra s’échapper. Impossible qu’il puisse amadouer son gardien comme sur l’île d’Elbe. L’antipathie sera immédiate. Plus jamais l’Europe n’aura à subir le joug de ce tyran. »
A l’occasion du bicentenaire de la disparition de Napoléon Bonaparte, personnage complexe et fascinant dont le charisme aura traversé les décennies, les œuvres traitant de son règne sont nombreuses et variées. Rudi Miel et Fabienne Pigière, déjà scénaristes en duo de la trilogie Libertalia, s’attachent à son parcours de façon très documentée et précise, non sans s’autoriser un petit ajout fictif autour de ce trésor né des fantasmes créés par la campagne d’Egypte dans laquelle le général Bonaparte avait emmené nombre de scientifiques et d’ingénieurs. Construit de manière non linéaire, en commençant par son décès, le récit se révèle passionnant, même pour les plus connaisseurs, grâce à un emploi mesuré mais régulier de faits réels et de citations judicieusement utilisées. Le portrait de Buonaparte, comme les Anglais aimaient à l’appeler pour le rabaisser, est ainsi fidèle et précis, jamais hagiographique. Les officiers à ses côtés sont d’ailleurs tout aussi intéressants. Si Hudson Lowe passe encore pour l’instant au second plan, n’étant arrivé sur Sainte-Hélène que plus tard, le strict mais honorable vice-amiral Cockburn est mis à l’honneur. Pour Iván Gil, l’aventure napoléonienne n’est pas une nouveauté, puisque le dessinateur espagnol s’y est déjà essayé à deux reprises, sur La Bataille (2012-2014) puis Bérézina (2016-2018), deux trilogies écrites par Frédéric Richaud chez Dupuis. Autant dire que le graphisme est à la hauteur, particulièrement soigné dans ses détails, ses décors et ses protagonistes.
Une formidable et riche étude, à la hauteur du mythe.
Arnaud Gueury
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