Auteure de talent, Mathilde Domecq a accepté de répondre à nos questions à l’occasion du dernier festival d’Angoulême, une rencontre aussi agréable qu’instructive.
Bonjour Mathilde. Paola Crusoé est une série qui est une adaptation moderne de Robinson Crusoé. Est-ce un roman qui a marqué ta jeunesse ? Si non, pourquoi avoir choisi de raconter une telle histoire ?
Tout à fait, j’ai lu Vendredi ou la vie sauvage quand j’étais en primaire et ça m’a énormément marqué dans mon enfance. C’est un thème qui m’a toujours fasciné. Le fait de l’adapter, je trouve que c’est magique et ça m’a permis d’explorer les relations au sein d’une famille dans un huis-clos. Il y a aussi le décor tropical qui me fascine. Maman habitant en Guadeloupe, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs voyages là-bas, ce qui m’a permis de dessiner les plages, la jungle, etc.
Le final du tome 2 est fort, il est difficile d’attendre la suite pour découvrir les aventures de cette famille perdue sur une île. Le tome 3 sera-t-il le dernier de la série ?
Effectivement, Paola Crusoé est une trilogie, c’est vraiment ce que j’ai envie de faire avec cette série depuis le début. J’ai envie de faire un scénario qui se tienne, qui fasse un beau récit avec une unité, et pas un récit fleuve car je trouve qu’il y en a beaucoup. Et puis, en tant que scénariste, ça ajoute du challenge, chaque tome fait quand même plus de 80 pages, donc je pense que je serais contente de passer autre chose après. Avant de penser à autre chose, je suis actuellement en phase d’écriture du tome 3 et c’est super enthousiasmant car il y a toute une mécanique qui s’imbrique, il faut réussir à tout terminer avec cet album.
Et concernant la série Basile et Melba, la série compte trois tomes intitulés respectivement Printemps, Été, Automne. Ne manque-t-il pas une saison pour boucler la boucle ?
Le quatrième tome de Basile et Melba est écrit mais comme j’ai commencé Paola Crusoé entre temps et que la série a rencontré un accueil très chaleureux, mon directeur de collection m’a conseillé de continuer et ça me convenait à moi aussi. Mais c’est vrai que j’aimerais vraiment terminé le cycle de Basile et Melba. Si c’est possible, je le ferai.
Jusqu’à maintenant tu n’avais réalisé que des BD pour la jeunesse. Penses-tu que ton trait ne soit adapté qu’à ce type de récit ou as-tu des envies de récits pour un lectorat plus mature ?
Cela m’est déjà arrivé de faire des incursions dans la BD adulte via des collectifs mais disons que, pour l’instant, je ne pense pas vraiment la question dans le sens où j’écris des récits qui me viennent à l’esprit. Le dessin que j’ai, c’est vrai qu’il se prête à des récits jeunesse mais cela n’est pas du tout exclu que je fasse des récits pour les adultes. Maintenant, quand j’écris, je ne me dis pas que j’écris uniquement à destination des enfants, j’aimerais bien que les adultes prennent plaisir à lire mes albums. Ce sont des catégories qui relèvent plus de préoccupations de marchands plutôt que les miennes. Je me dis que je fais de la BD tout court.
En tout cas, cela te réussit plutôt bien puisque tes albums sont souvent sélectionnés ou primés. Comment vis-tu ce succès ?
C’est un succès très raisonnable. Là ce qui me touche beaucoup avec Paola Crusoé, c’est que j’ai un accueil chaleureux de la part des professionnels du livre, aussi bien les libraires que les bibliothécaires. Ils vont pouvoir parler de la série et la conseiller, et après c’est vrai que j’ai reçu des prix qui me font très plaisir et qui me poussent à continuer, mais encore une fois ce n’est pas un succès démesuré, cela reste très gérable. (rires)
Tu fais partie du team Tchô ! ainsi que du Zarmatelier, qu’est-ce que cela représente pour un auteur de faire partie de telles équipes surtout quand on sait que le métier d’auteur de BD est généralement un métier de solitaire ?
Pour moi, c’est très important de faire partie de telles équipes. Cela a commencé très tôt, dès 15 ans en Arts appliqués, puis aux Arts déco à 18 ans où je faisais partie de promo où on était tous en recherche, on dessinait tous, pas forcément en BD mais on était en équipe. J’adore travailler seule mais je trouve que c’est hyper important de communiquer et d’échanger pour ne pas rester coincée à se poser certaines questions. J’ai précédemment bossé dans un atelier sur Montpellier, là je viens de quitter récemment le Zarmatelier parce que j’aime bien changer aussi. Je ne sais pas encore exactement ce que je vais faire désormais, rejoindre un autre atelier ou pas. J’aime bien faire des périodes seule et d’autres en atelier. A suivre donc…
Quel est ton programme pour 2014 ?
Le tome 3 de Paola Crusoé est quasiment écrit en intégralité, il est storyboardé au tiers et j’ai attaqué les planches mi-janvier, donc ça y est on peut dire que cet album est sur les rails. J’ai également un petit ouvrage qui vient de sortir chez Café Creed. Quand je dis petit ouvrage, c’est vraiment mini. Il s’agit de deux boîtes de six récits qui font 7,5cm sur 7,5 cm, nous sommes treize auteurs à avoir participé et il y a de très jolies choses. Et puis j’ai des projets que j’espère concrétiser mais je ne peux pas en dire plus.
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 31 janvier 2014
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