C’est à l’occasion du festival BD de Château-Gontier, dans le superbe cadre du Couvent des Ursulines et avec la complicité des membres du festival Adaptations de Cholet, que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Patrick Prugne. Avec sa gentillesse habituelle, il a accepté de nous répondre à quelques questions sur son dernier album, Iroquois, mais également sur son parcours.
Patrick Prugne, bonjour. On vous connaît pour votre album Poulbots, mais aussi Frenchman, Canoë Bay, Pawnees… D’où vous vient cette évidente fascination pour les Indiens d’Amérique ? Ce sont vos souvenirs d’enfance ?
Bonjour. C’est vrai, depuis tout petit, j’ai « baigné » dans les récits d’aventures des trappeurs, des carnets de voyage sur le Québec, le Canada, la Nouvelle-France. Je suis très réceptif sur tout ce qui concerne l’histoire des amérindiens. Je pense que c’est une période qui mérite vraiment qu’on s’y intéresse. L’action de ce dernier album, Iroquois, se situe d’ailleurs aux balbutiements de la rencontre entre les colons français et les autochtones.
Les Indiens, c’est un peu le rêve, mais également un très gros travail de documentation préalable, sans doute. Comment cela s’organise-t-il ?
La documentation, c’est une partie vraiment intéressante, vraiment. Il n’y a pas eu énormément de recherches fastidieuses, non. En tout cas, cela ne m’a pas posé de problèmes majeurs. Toute l’inspiration est venue spontanément, presque naturellement. Je crois qu’il faut tout simplement se pencher sur tout ce qui a pût être la vie d’un être humain à cette époque-là, dans ce contexte-là : « parachuté » dans cette « Nouvelle-France », territoire hostile et inconnu. Il me semble qu’il faut toujours avoir à l’esprit cette notion d’ignorance, de ne jamais être certain de ce qui se cache derrière chaque buisson, de ne jamais être convaincu de la réaction des autochtones.
Cela, c’est ce qui concerne les activités humaines. Qu’en est-il de votre travail sur la nature, la forêt ? Comment arrive t’on a ce point à faire fusionner l’homme avec son environnement au travers d’une illustration ?
J’ai essayé de faire ressentir une ambiance à travers le paysage, un peu comme lorsqu’on attribue une musique à un film. Je tenais à ce que l’on perçoive cette sensation de puissance, presque d’identité de la forêt, de la rivière. L’atmosphère générée par les arbres, cette quasi-impression de gigantisme. Cela, c’est vraiment ce qui me passionne.
L’attitude corporelle de vos personnages a-t-elle eu une importance pour la conception de vos planches ? Étaient-ils compliqués à intégrer dans vos volumes ?
Dans le cadre de mon travail en bande dessinée, dans mes cases, j’ai voulu rendre compte d’un fait réel, historique et assez méconnu. A partir de là, tout dépend des techniques dont on dispose, que ce soit l’aquarelle, la peinture où le cinéma. Et puis, il faut y prendre du plaisir, tout en collant à l’histoire avec un grand H. N’oublions pas que toute la trame de l’album est basée sur une anecdote peu connue, mais ayant réellement eu lieu. On magnifie souvent la réalité pour la rendre accessible et crédible.
Qu’en est-il des Poulbots alors ? Un projet complètement différent ? Pourriez-vous nous en parler ?
Oui, c’est vrai, Poulbots est un album vraiment différent de ceux que je suis habitué à produire. C’était une vraie belle récréation (sourires). Je me suis fait énormément plaisir à partager ce moment avec ces petits bonhommes des rues, ces petits poulbots. Cette parenthèse, je me la suis accordée parce que mon fils, Thibaut, venait de créer sa propre maison d’édition, Margot, et qu’il m’avait proposé ce projet. Par la suite, je pense continuer à travailler avec Daniel Maghen en tant qu’éditeur.
Patrick Prugne, merci infiniment pour ce temps que vous nous avez accordé.
Propos recueillis par Joël Leroy, Frédérique Biron et Nicolas Blondel
Interview réalisée le 1er octobre 2016
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