Dans la bulle de… Marc Bourgne

Par | le 5 janvier 2017 |

C’est à l’occasion du festival BD de Château-Gontier, dans le superbe cadre du Couvent des Ursulines, et avec la complicité des membres du festival Adaptations de Cholet, que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Marc Bourgne. Avec sa gentillesse habituelle, il a accepté de nous répondre à quelques questions sur son parcours et sa carrière.

2016 © Joël Leroy

Marc Bourgne, Bonjour. Vous êtes aujourd’hui l’un des représentants de la bande dessinée  « classique », reconnu pour votre talent. Sous quelle casquette vous sentez vous le mieux, scénario ou dessin ?

Question piège que l’on me pose très souvent. Le scénario ou le dessin ?  Je n’ai pas vraiment de préférence, cela dépend des projets. Il y a des albums comme Les Pirates de Barataria que j’ai écrits pour Frank Bonnet, dont on pourrait dire que c’est du « sur mesure » pour lui. Je n’aurais d’ailleurs jamais envisagé de le dessiner, je n’aurais jamais fait aussi bien que lui (sourires). Par contre, lorsque je suis au dessin, je trouve confortable de travailler avec des scénaristes que j’apprécie, tant pour la personne que pour son écriture. En fait, j’aime autant les deux, scénario comme dessin, il faut simplement « entrer dans le projet ».

© Glénat

Vos projets, c’est vous qui les choisissez ? On vous les propose ? Comment ça marche ? 

Encore une fois, cela varie à chaque fois. Il y a certains projets que je réalise moi-même et pour lesquels je vais démarcher les éditeurs afin de leur soumettre, lesquels acceptent ou refusent, cela dépend. Dans le cas d’une reprise comme Michel Vaillant, par exemple, c’est la maison d’édition qui est venue me chercher parce qu’ils jugeaient que ma conception du personnage correspondait à leurs attentes.

Justement, dans le cas d’une reprise, y a-t-il vraiment beaucoup de critères très précis, un cahier des charges très pointu  à respecter à respecter ?

Oui, bien sûr ! C’est un personnage qui existe depuis très longtemps, et que le grand public connaît très bien. Depuis sa création par Jean Graton, il existe beaucoup d’anecdotes patrimoniales, ainsi qu’une catégorie de lecteurs « acharnés », lesquels ne supportent pas le moindre écart par rapport au personnage original. Même si le créateur a accepté mon propre style graphique, j’ai fait en sorte de ne pas copier le sien. Il reste malgré cela une proportion de personnes insatisfaites parce qu’on ne fait plus « exactement » le Michel Vaillant des années 60. Ceci dit, Philippe Graton, qui gère la série créée par son père, est très vigilant sur son héritage artistique. Ainsi, il existe quand même certains « codes » à respecter, même si nous nous sommes permis des choses que Jean Graton n’aurait pas osées. Comme des personnages principaux, qui pourraient être mal en point et décéder dans les prochains albums, en fonction des besoins scénaristiques (sourires). Il y a une nouvelle génération émergente, comme le fils de Michel, notamment, on y voit aussi Michel Vaillant tromper sa femme, chose qui aurait été inenvisageable au début de sa carrière. En même temps, c’est Jean Graton lui-même qui a demandé à son fils de faire faire à Michel Vaillant tout ce que lui n’avait pas osé.

Un renouveau du personnage, donc ?    

Oui, c’est exactement cela. D’ailleurs, mes albums s’appellent Michel Vaillant – Nouvelle saison. Je n’ai pas repris le 71e album de la série. L’idée, c’est de redynamiser, moderniser la série tout en restant fidèle à ses fondamentaux. Il faut éviter de froisser les anciens lecteurs, dont certains sont quand même assez « chiffonnés ».

© Graton / Bourgne

Vous avez eu des retours ?

Oui, effectivement, il y a eu quelques retours vraiment violents de la part des vieux lecteurs. Je n’ai jamais eu de critiques aussi virulentes, cela m’a vraiment surpris, y compris sur Barbe Rouge. On aurait presque pensé que l’on commettait un crime, en exagérant un peu.

A propos de Barbe Rouge, justement, comment s’est passée votre collaboration avec Christian Perrissin ? Était-elle aussi complice qu’avec Frank Bonnet pour Les Pirates de Barataria ?

Je me suis très, très bien entendu avec Christian Perrissin. Sur les deux titres, la façon de travailler était quasiment la même. En tant que dessinateur, j’attends du scénariste qu’il m’apporte quelque chose où je me retrouve, sachant qu’il intervient sur les dialogues et la narration. Aussi bien avec Christian qu’avec Frank, cette alchimie a fonctionné, sans aucun problème. C’était vraiment confortable. Ceci dit, les quatre Barbe Rouge ont été les albums que j’ai préféré dessiner tout au long de ma carrière. C’était un régal. Graphiquement, je pense que tous les dessinateurs de bande dessinée rêvent tous un jour de faire un western. Pour moi, l’univers maritime est tout aussi plaisant, voire plus. C’est vraiment un espace de liberté ou l’on peut s’exprimer pleinement. J’ai donc vraiment pris beaucoup de plaisir à reprendre les personnages de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. Ce sont des piliers de la BD d’aventure, et leur donner un nouveau souffle à vraiment été un très bon souvenir (sourire).

© Hubinon / Bourgne

Un grand, très grand merci pour toutes ces passionnantes réponses.

Propos recueillis par Joël Leroy avec Frédérique Biron et Nicolas Blondel.

Interview réalisée le 1er octobre 2016

Toutes les images sont la propriété de leurs auteurs et ne peuvent être utilisées sans leur accord.

Tags

Description de l'auteur

Florence Daubry

Réagissez !

Pas de réponses à “Dans la bulle de… Marc Bourgne”

Répondre