- Titre(s) : La Brute et le divin
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Léonard Chemineau
- Editeur(s) : Rue de Sèvres
- Parution : Novembre 2023
- Prix : 22,00 €
- EAN : 9782810201068
Après plusieurs mois passés loin de son bureau, Eva a compris qu’il lui fallait totalement décrocher pour se reconstruire et trouver quelque chose de plus concret que son boulot d’ingénieure. Pour cela, elle solde tous ses comptes et investit tout dans une mission atypique encadrée par le gouvernement. Il s’agit pour elle de partir seule sur une île perdue de l’océan pacifique, à des milliers de kilomètres de tout continent, pour rétablir une station et démontrer l’intérêt écologique et scientifique de l’endroit. Seulement accompagnée de sa chienne et de trois poules, Eva se fond rapidement dans le décor. Mais une sale blessure met en péril le projet et les éléments se liguent contre elle, la coupant du monde…
« Plus d’éclairage le soir, et on ne pourra utiliser les équipements électriques que dans la journée…Notre stock de conserves baisse beaucoup trop vite… et les poules n’ont plus de grain. Mais qu’est-ce que je fais là? »
Si on perçoit aisément le message essentiel qu’a voulu faire passer Léonard Chemineau, sa démarche n’est pas exempte de maladresses qui gâchent un peu l’ensemble. Le fait que ce projet lui tienne à cœur depuis longtemps explique sans doute que de nombreuses idées et envies se soient mêlées, sans pour autant bien s’accorder. La première partie est ainsi pleinement convaincante, avec une héroïne un peu naïve mais enthousiaste qui se lance dans un projet exceptionnel dont on sent que l’origine gouvernementale ne tiendra pas longtemps face aux impératifs économiques et politiques, un aspect vite laissé de côté malheureusement. Puis tout vire à la robinsonnade, après un incident qui change l’album en un récit de survie et avant un nouveau changement de ton quand apparaît sur l’atoll – coïncidence un peu grossière mais soit – un bateau venant faire des prélèvements pour un potentiel gisement de métaux rares. Une fois encore, le propos est louable et accentue l’hypocrisie contemporaine autour de la protection de l’environnement dans un contexte purement économique, mais cela manque de finesse et de subtilité, à l’image du chef de la sécurité, un personnage qui ne cadre pas avec le reste. Le dessin, lui, est totalement réussi, avec des séquences absolument superbes pour tout ce qui concerne la vie sur l’île, grâce aussi à une colorisation du meilleur effet.
Un album hélas un peu lourd dans ses intentions pourtant louables.
Arnaud Gueury
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