Titre : Brûlez Moscou
Scénariste : Kid Toussaint
Dessinateur – Coloriste : Stéphane Perger
Éditeur : Le Lombard
Collection : Signé
Parution : Février 2018
Prix : 14,99€
13 septembre 1812. Napoléon Ier est aux portes de Moscou et l’armée russe est bien trop affaiblie pour en tenir le siège. Le risque de capitulation étant trop grand, la seule solution qui s’impose aux généraux est de sacrifier la ville et d’appliquer la politique de la terre brûlée. Ainsi le lendemain, le Comte Rostopchine, Gouverneur général de Moscou, fait évacuer les pompes à eau et libère tous les prisonniers de droit commun à qui il promet l’amnistie à la seule condition de mettre la ville à feu et sang afin qu’elle ne tombe pas entre les mains des Français. Au cœur de cet enfer qu’est devenue Moscou, le Capitaine de l’armée russe Anatoli Lenski, déchu pour ne pas avoir obéi à l’ordre de retraite lors de la bataille de Molensk et délivré de sa cellule de la prison de l’Ostrog par son ami Serguei, poursuit une quête impossible. En effet, il s’est mis en tête de retrouver sa femme Tatiana et son fils Oleg pour les sauver. Et ce, d’autant plus que Kolia, l’ogre de Moscou, les traque car il a juré de se venger du militaire.
La première séquence de l’album présente trois personnages clés de Brûlez Moscou avant même de poser le cadre de cette aventure qui n’est autre que le siège de Moscou par Napoléon Ier et la politique de la terre brûlée appliquée pour la sauver. Ainsi, Kid Toussaint (Holly Ann) donne d’entrée l’orientation de ce récit où cette phase décisive de la Campagne de Russie et ses différents intervenants ne sont finalement qu’une toile de fond et des protagonistes de second plan au service de la quête illusoire et très personnelle d’Anatoli Lenski, un homme rongé par le sens de l’honneur. D’ailleurs, la caractérisation de ce protagoniste est bien travaillée et se dévoile au fur et à mesure du récit de manière judicieuse. Et, si l’Empereur ou encore le Comte Rostopchine sont présents dans plusieurs passages courts, Joachim Murat quant à lui fait une apparition plus que furtive. Le savant mélange entre l’Histoire et l’histoire proposé est très prenant et divertit en même tant qu’il instruit. En effet, s’il s’agit d’une fiction très efficace, elle s’appuie sur une documentation historique très précise. Le scénariste se permet notamment d’intégrer un certain Schmidt (Schmid dans l’album) et son invention, destinée à anéantir la Grande armée, de façon légèrement anachronique et avec un tout autre destin. Dans ce contexte, Stéphane Perger (Dark Museum) développe un dessin réaliste très percutant associé à une mise en couleurs directe époustouflante. Force est de constater que la mise en images de l’auteur, sachant que la grande majorité de l’album se déroule dans le brasier déclenché par les prisonniers, est juste magistrale et totalement immersive. Quel rendu ! De même que vous apprécierez le flashback lors de la bataille de Molensk en noir, blanc et nuances de gris.
Après une année sans parution, la collection Signé fait un retour remarquable avec un album d’une très grande qualité.
Stéphane Girardot
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