Titre : Le Cri du Moloch
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateurs : Christian Cailleaux & Etienne Schréder
Coloriste : Laurence Croix
Éditeur : Blake et Mortimer
Parution : Novembre 2020
Prix : 15,95€
Londres peut souffler quelque temps. Grâce à Blake, qui a fait fi des hésitations du Premier Ministre et de son entourage, le dangereux engin d’origine inconnu Orpheus, caché dans les entrailles de la capitale anglaise, a été mis hors d’état de nuire. La situation n’est pas apaisée pour autant. Le professeur Scaramian, qui étudiait ce vaisseau dans le plus grand secret, apprend à Mortimer qu’il en existait d’autres, et que l’un de ses passagers a été sauvé. Philip rencontre alors le dénommé Moloch, baptisé ainsi par l’équipe de Scaramian qui cherche à comprendre ses intentions. Les essais de communication, bien que bénéficiant de l’aide de Mortimer, sont néanmoins vains. Les sortes de hiéroglyphes qu’il fait apparaître sont indéchiffrables et laissent planer une menace impalpable qui ne va pas tarder à se concrétiser. La solution viendra peut-être alors d’Olrik, qui s’est confronté à l’un de ses congénères lors de la destruction d’Orpheus… à condition de le tirer de sa torpeur psychiatrique…
Sept ans après L’Onde Septimus, l’intrigue qui avait décontenancé un certain nombre de lecteurs – dont nous, avouons-le franchement – trouve enfin son dénouement. Le Cri du Moloch a au moins le mérite d’apaiser les souffrances de ceux qui se demandaient où Jean Dufaux avait voulu nous emmener à travers cette suite psychédélique à La Marque Jaune. Elle rehausse de ce fait la qualité du premier, qui s’avère plus compréhensible. Le problème est que cette seconde partie – en espérant qu’elle ne soit pas que la deuxième – n’est pas forcément la plus originale du monde, bien que partant dans une direction que Jacobs aurait pu prendre. Ensuite et surtout, elle n’est clairement pas à la hauteur graphique du premier volet dessiné par Antoine Aubin. C’est malheureusement flagrant dès lors que l’on compare les personnages principaux et secondaires. Il ne s’agit aucunement de blâmer Christian Cailleaux, nouveau venu dans la série, et Étienne Schréder, roue de secours habituelle et respectable. Ce sont incontestablement des professionnels. Mais l’éditeur a validé ici un style graphique qui s’éloigne de plus en plus des canons de la série dont se sont emparés avec plus ou moins de bonheur, mais généralement plus, tous les dessinateurs depuis la reprise. C’est la porte ouverte à tout et n’importe quoi, dès maintenant et peut-être dans le futur. Comment peut-on par exemple valider en l’état une planche (page 53) aux aplats de couleur comme seuls décors à un moment crucial, sinon pour céder à une pression de timing ? Il aurait fallu laisser le temps aux auteurs de mieux faire, ils en étaient assurément capables. Même les couleurs de la talentueuse Laurence Croix en paraissent ternes. Réaliser une suite de La Marque Jaune était sans nul doute un rêve de gosse, mais cette entreprise risquée, si elle parsème ici et là quelques bonnes idées, déçoit tout de même largement dans les grandes lignes. Elle avait pris un départ étrange et se termine un peu tristement, avec le sentiment que l’éditeur a préféré sortir un album bâclé pour les fêtes plutôt qu’une conclusion digne, graphiquement, des ambitions scénaristiques de ce diptyque. Le pire est qu’on a l’impression que l’éditeur s’en moquera, tant que la machine à sous fonctionne – et elle le devrait, propulsée par la publicité médiatique habituelle. C’est dommage et nous espérons que les prochains albums remonteront le niveau.
Une qualité générale à la baisse.
Nicolas Raduget
Réagissez !
Pas de réponses à “Blake et Mortimer #27”