
© 2017 Casterman
Titre : Betty Boob
Scénariste : Véronique Cazot
Dessinatrice– Coloriste : Julie Rocheleau
Éditeur : Casterman
Parution : Septembre 2017
Prix : 25€
Élisabeth avait tout pour être heureuse mais le crabe est venu lui voler son sein gauche. Ce satané cancer est venu souiller son intégrité féminine et l’a obligé à porter une perruque. Mais elle n’a pas perdu que cela. Elle a également été licenciée car l’apparence pour la directrice du magasin Traubbon Pour Toy est primordiale et avoir deux seins fait partie des clauses de son contrat. Elle n’était plus en conformité. Mais le pire est que son petit ami n’a pas supporté les blessures apparentes et ne pouvait plus la regarder. Elle l’a mis dehors. Désormais, le tableau est des plus noires pour elle. Cependant, alors que son mec est encore évanoui sur le palier, Élisabeth décide de sortir par la fenêtre et de prendre l’escalier de service. À ce moment précis, sa foutue perruque s’envole au gré du vent et après une chasse effrénée la mène près d’une péniche, L’Oiseau de nuit. Un lieu où se produisent des artistes atypiques lors de spectacles burlesques. Elle ne le sait pas encore mais c’est le point départ d’une nouvelle aventure mais surtout la chance de sa vie.
Véronique Cazot parle du cancer du sein et des conséquences d’une intégrité féminine très touchée (perte d’un sein et port d’une perruque suite à la chute des cheveux) sur l’entourage direct de la malade. Mais ce n’est pas tout. L’auteure imagine pour son héroïne une nouvelle vie, bien meilleure que la précédente. Sa reconstruction parce qu’il y a toujours de l’espoir et que ce n’est pas la fin de tout. De fait, après une première partie où tout va à vau-l’eau pour Élisabeth (Ce qui pousse au questionnement : comment réagirait-on face une situation identique ?), la scénariste fait naître Betty « One » Boob qui va trouver sa place dans une troupe de performers atypiques. L’ensemble est très cartoon, burlesque forcément et parfois ancré dans les songes. Il y a très peu de bulles et, comme dans films muets des années 20, une page noire avec deux phrases introduit les chapitres. Bien sûr, le nom de scène de la nouvelle artiste est inspiré de Betty Boop et elle lui ressemble. D’ailleurs comme elle chante souvent, les paroles d’une chanson créée par Véronique Cazot (auteure) et Mr Meuble (compositeur) reviennent plusieurs fois dans les pages. Elle est écoutable via un QR code situé en fin d’album où se trouve également le texte. C’est une histoire très touchante et drôle (oui !), qui ne sombre à aucun moment dans le pathos et qui constitue un hommage à toutes ses femmes luttant contre le crabe, que Julie Rocheleau (La Colère de Fantômas) illustre magnifiquement. Le trait et la mise en couleurs, novatrice et réussie, de la dessinatrice apportent la légèreté et l’énergie requises en regard de la gravité du sujet.
Un superbe album, réalisé par deux belles et sensibles âmes, à découvrir et à partager avec des femmes comme Élisabeth. Boopy doopy doopy doo Boop-Oopy Doo !
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Betty Boob”
3 décembre 2018
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