© 2022 Editions Delcourt

• Titre(s) : Le Temps des fruits verts
• Scénariste(s) : Chantal Van den Heuvel
• Dessinatrice(s) : Anne Teuf
• Coloriste(s) : Lou
• Editeur(s) : Delcourt
• Parution : Septembre 2022
• Prix : 24,95 €
• EAN : 9782413040002

Juillet 1934. Si la situation en Europe continue d’inquiéter avec la montée en puissance des extrémismes en Allemagne et en Italie notamment, faisant redouter une guerre prochaine aux plus avisés, les préoccupations de la plupart des Français tournent autour d’un quotidien rendu difficile par des baisses de salaires. En Bretagne, le jeune Roger rêve de devenir ingénieur, grâce aux sacrifices de sa mère, qui se saigne pour lui offrir la chance d’étudier. Sa fiancée, Louison, se voit déjà actrice. Tous les deux imaginent ainsi un avenir radieux mais les choses tournent mal. La mère de Roger meurt sans rien lui laisser, le garçon se voyant simplement offrir un poste sur une chaine de montage à Paris, alors que Louison devient couturière. Tandis que Léon Blum tente de fédérer un Front populaire, des menaces de grève se font entendre dans les usines et les ateliers…

« Dans la famille, on porte pas des faux cols et des galures… On a des cals aux mains, c’est comme ça qu’on trace son chemin : avec ses mains. Avec sa sueur, on travaille, t’entends? »

Album d’une grande densité et d’une belle générosité, avec ses 170 pages qui offriront une longue et intense lecture, La Belle Espérance est une fresque romanesque poignante sur les années 30, rythmées par la foi en un avenir plus juste qui s’est fracassé sur une guerre mondiale sanglante. Des suites du krach boursier de 1929 à l’avènement du Front populaire, sans oublier la découverte des congés payés, les grandes grèves, l’antisémitisme, cette décennie est évoquée avec beaucoup de justesse par Chantal Van den Heuvel, qui en met beaucoup – parfois trop – dans ce premier tome. Comme dans toute saga, certains éléments sont un peu trop appuyés ou prévisibles, mais l’ensemble se tient parfaitement et ne lasse jamais, alors que la profusion de scènes et de personnages dont les destins se croisent pourrait être indigeste. Tout comme le dessin d’Anne Teuf peut paraître un peu simpliste au premier regard, alors qu’il souligne comme il se doit les expressions des protagonistes et immerge dans les différentes ambiances.

Un panorama touchant et bien senti de la France des années 30, coincée entre des espoirs légitimes et une réalité brutale.

Arnaud Gueury