- Titre(s) : Tome 1
- Scénariste(s) : Shigemitsu Harada
- Dessinateur(s) : Shinjirô
- Editeur(s) : Dupuis
- Collection : Vega
- Parution : Septembre 2023
- Prix : 8,35 €
- EAN : 9782379502064
Plusieurs milliers d’années se sont écoulées depuis que les mers du monde se sont évaporées. Désormais, les créatures marines, devenues géantes, se déplacent au gré du courant qui couvre 70 % de la surface du globe. Luca et Shu, deux gamins orphelins, ont été vendus à la Compagnie Hinomoto comme employés sur le Bateau-Usine, afin de pêcher le crabe, denrée alimentaire la plus chère et destinée à l’alimentation des plus riches, dans le ciel. Cette pêche fait l’objet d’une lutte sans merci entre deux états ennemis : le Grand empire extrême et la République de Gazel. Le métier de pêcheur s’avère toutefois très dangereux du fait de la taille gigantesque des crabes et de leurs pinces tranchantes. C’est pourquoi Luca et Shu se font comme promesse de quitter le Bateau-Usine à tout prix ! Ils mettent donc de côté le peu d’argent qu’ils gagnent dans le but de racheter le prix de leur liberté. Malheureusement, la cruelle contremaîtresse Kujô tue Shu pour se venger de Luca qui s’était opposé à elle ! Luca fait alors la promesse à Shu, agonisant, de quitter ce bateau vivant… Parviendra-t-il à la tenir ?
“Cinq boîtes de conserve. C’est le prix de votre vie, à bord de ce bateau.”
C’est par un meurtre terrible et gratuit sur ce bateau industriel en très mauvais état que débute le tome initial de la série post-apocalyptique prévue en cinq volumes du Bateau-Usine, s’inspirant librement du roman éponyme de Takiji Kobayashi. La critique sociale oppressés/oppresseurs est glissée dès les premières pages avec d’un côté l’équipage composé de main d’œuvre bon marché considérée comme « la lie de la société » (jeunes adolescents, ouvriers endettés, criminels chassés de leur pays natal) et de l’autre l’autorité hiérarchique du bateau représentée par la contremaîtresse sadique à souhait et son équipe malveillante. Les auteurs mettent en relief la dégradation des conditions de travail à travers des cadences infernales que le dessin de Shinjirô, très réaliste, dévoile sans concessions. Ce qui importe est le rendement du Bateau-Usine, quitte à sacrifier des vies. Les travailleurs sont d’ailleurs considérés comme des pions remplaçables : en cas de décès, leurs cadavres sont jetés aux poissons, ils ne peuvent se laver qu’une fois par semaine et ont de la nourriture peu variée. Certains sombrent dans l’alcool, comme l’ancien capitaine malade Gen le nez rouge. Le scénariste Shigemitsu Harada résume par une image le personnage tyrannique de la contremaîtresse : « le diable dans un corps de gamine ». La jeune femme antipathique emploie un langage très vulgaire, a les membres mutilés (jambe de bois, perte d’un œil et main coupée) et prend plaisir à anéantir le courageux Luca en le rétrogradant et lui confiant des missions périlleuses. Ultime précision : ce seinen s’adresse à un public averti, certaines scènes très violentes pouvant heurter la sensibilité des plus (et des moins) jeunes.
Un premier tome terriblement glaçant et haletant !
Marie Chicaud
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