- Titre(s) : Barcelona, âme noire
- Scénariste(s) : Denis Lapière & Gani Jakupi
- Dessinateur(s) : Eduard Torrents
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Rubén Pellejero & Martín Pardo
- Editeur(s) : Dupuis
- Collection : Aire Libre
- Parution : Mars 2024
- Prix : 27,95 €
- EAN : 9782800162218
Après un bombardement des nationalistes, le jeune Carlitos Moreno découvre, interdit, le cadavre mutilé de sa mère, écrasée par une poutre suite à l’effondrement de l’épicerie familiale, puis violentée au niveau du bas-ventre. Un de leurs bons clients, Don Alejandro, le prend sous son aile. Quelques années plus tard, Carlitos veut faire sa vie avec Paula, la fille de Don Alejandro, et part en France pour gagner de l’argent. Il ne tarde pas à se lancer dans la contrebande de produits d’épicerie et, lorsqu’il apprend que c’est son propre père qui a tué sa mère et plusieurs autres femmes après elle, poursuit sur la voie de l’illégalité, au point de devenir un roi de la pègre locale…
Cette histoire « de méchants » ne serait pas forcément très originale si elle n’était construite dans le contexte de l’Espagne franquiste, fort bien représentée dans sa vie quotidienne comme dans ses magouilles. Le quintette d’auteurs – deux scénaristes, trois dessinateurs à l’encrage généreux – réussit son pari en situant l’intrigue à Barcelone, une ville qu’ils connaissent tous parfaitement bien pour y être nés ou y travailler (à l’exception de Denis Lapière). Conçue au départ pour être une grande saga en six tomes, elle est finalement réduite en un gros volume de 140 pages, car entre-temps Rubén Pellejero s’est vu confier le dessin de Corto Maltese. Ce revirement explique que plusieurs décennies soient évoquées assez rapidement, mais la lecture n’en souffre pas tellement. Il y a du rythme et les auteurs vont à l’essentiel. Autre point positif, l’histoire cède parfois à la violence mais cette dernière est finalement assez secondaire par rapport à l’aspect psychologique des personnages. On regrettera peut-être simplement que les couleurs intérieures ne soient pas aussi contrastées et percutantes que celle de la couverture. « L’âme noire » de l’album et l’aspect historique sont sans doute à l’origine de ce choix de tonalités assez froides.
La carrière dense et fictive d’un fils d’épicier devenu bandit, dans un contexte intéressant.
Nicolas Raduget
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