Titre : La Baie des mutins
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Antoine Cossé
Éditeur : L’Employé du Moi
Parution : Novembre 2014
Prix : 20,90€
En 1519, le navigateur Magellan, amiral et commandant portugais d’une flotte de cinq frégates espagnoles, est à la recherche du détroit permettant de trouver la route la plus rapide vers les épices du continent sud-américain. Un seul et même problème à bord : y a-t-il au moins une personne qui ne soit pas perdue ? Difficile de garder toute sa tête dans le confinement de ces frégates où l’espace personnel se fait rare. Usés par leur dépendance au capitaine Magellan, le seul en théorie à détenir la carte d’orientation et qui est aussi peu bavard que craint de tous, matelots et commandants espagnols sont las de rester ancrés dans une baie plusieurs jours sans aucun ordre ni direction d’orientation. Livré à lui-même, chaque matelot vit alors ses moments de folie, de rêverie, sortes de seule échappatoire à sa perdition.
Dans l’inaction et l’incertitude permanente, le terrain amené par l’auteur est propice à conduire ses personnages à faire face à leurs propres démons, et ce dans une ambiance où le calme est absolu, et notamment instauré par les chuchotements et la tension d’une mutinerie sous-jacente. Les Espagnols vont alors se soulever contre le très respecté Magellan, chose qu’ils regretteront amèrement. Et de quelle manière… Sur fond de lutte hispano-portugaise pour la prise du commandement des frégates, Antoine Cossé nous immerge dans un huis-clos intimiste où l’on vit le désespoir de ces marins qui se sont retrouvés sur ces vaisseaux pour leur plus grand malheur et dans un but uniquement pécuniaire. Proche du roman graphique, le récit profite d’une illustration dont l’encrage très inspiré plonge le lecteur en harmonie avec le calme de cette baie isolée au bout du monde et en proie aux chuchotements des mutins par une nuit de pleine lune. On imagine aisément que ce genre de situation s’est produite dans la réalité.
Un beau moment d’évasion qui vous plonge en immersion complète dans la perdition parfois vécue par ces aventuriers marins qui marqueront l’Histoire.
Nicolas Davy
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