
© Rue de Sèvres, Paris, 2023

- Titre(s) : Au nom du fils – Dans l’enfer de la prison de San Pedro
- Scénariste(s) : Pauline Djian & Jean-Blaise Djian
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Sébastien Corbet
- Coloriste(s) : Eric Le Pape
- Editeur(s) : Rue de Sèvres
- Parution : Août 2023
- Prix : 20,00 €
- EAN : 9782810200979
Quand Stéphane reçoit enfin des nouvelles de son fils, après une dispute houleuse et des années d’éloignement, c’est pour apprendre sa mort à l’autre bout du monde. Max s’était en effet infiltré dans la prison de San Pedro, en Bolivie, pour mener une enquête journalistique sur les narcotrafiquants et leurs liens avec les criminels incarcérés. Sous le choc, Stéphane plaque le peu qu’il lui reste après un long chômage et part en Amérique du sud. En prenant contact avec un ami de son fils, il décide de se faire enfermer à San Pedro sous une fausse identité et d’abattre celui qui lui a pris son enfant…
« Vous ne vous rendez pas compte! Les gens, là-bas, ne sont pas des enfants de chœur… Vous n’êtes pas du tout préparé à ce qui vous attend. »
Pour son premier album en tant que scénariste, Pauline Djian s’est attaquée à un gros morceau en combinant un récit carcéral à la quête d’un père en attente de réponses. Epaulée par son père, auteur expérimenté capable d’écrire sur tous les sujets, elle délaisse hélas un peu vite la seconde partie de ce postulat pour se consacrer à une histoire d’amour un peu improbable qui parasite le fond de l’histoire, à savoir cette prison bolivienne connue dans le monde entier pour son fonctionnement bien particulier. En effet, les prisonniers gèrent eux-mêmes les lieux comme une micro-société avec des emplois rémunérés, des chambres à louer, des boutiques… et des touristes ! Si toute la partie du récit montrant la vie derrière les murs est passionnante, quelques personnages caricaturaux empêchent de pleinement vivre l’enfer évoqué par le sous-titre de l’album. Le grand méchant est souvent plus grimaçant et grotesque qu’il ne devrait, quand Stéphane gravit bien trop facilement les échelons à ses côtés. Ces ressorts scénaristiques font un peu trop « hollywoodiens », quand plus de violence et de difficultés auraient dû émailler le parcours du protagoniste principal. Malgré cela, le voyage est plaisant car le trait de Sébastien Corbet est le gros point fort de cette copieuse bande dessinée de 130 pages. Ses coups de crayon sans encrage appuyé donnent un caractère très spécial à l’ensemble qui fonctionne très bien, d’autant que les couleurs, réalisées avec Eric Le Pape, se font douces et discrètes. Une très belle prestation graphique !
Si l’histoire n’est pas sans menus défauts, cette plongée dans un microcosme unique au monde vaut le détour.
Arnaud Gueury
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