Titre : Ama, le souffle des femmes
Scénariste : Franck Manguin
Dessinatrice – Coloriste : Cécile Becq
Éditeur : Sarbacane
Parution : Mai 2020
Prix : 21,50€
Quand Nagisa, élevée à Tokyo, débarque sur l’île d’Hegura, le choc est immense. Elle y est accueillie par sa tante, Isoé, qui appartient à un corps de métier bien particulier, les « Ama », ces femmes qui plongent en apnée, nues dans l’océan, en quête d’ormeaux qu’elles vendront en tâchant de ne pas se faire rouler par le difficile Yusuké. Si Nagisa veut rester sur Hegura, elle va devoir devenir une Ama elle-même et « faire ses preuves ». Mais est-elle faite pour cette vie ? Et qu’est-ce qui l’a menée chez sa tante ?
« Alors c’est toi ?
– Vous… vous me connaissez ?
– Non mais ici tout le monde connaissait ta mère. »
Comme sa mère vingt ans plus tôt, Nagisa choisira-t-elle de quitter le monde des Ama ? De son arrivée à l’été 1962 à l’attribution de son propre « tomaé » à l’hiver 1968, nous suivons, grâce à une structure en trois chapitres, l’intégration parfois chaotique de la pudique Nagisa dans cette communauté, ainsi que la remontée à la surface de certains secrets douloureux. Déjà connue pour ses illustrations jeunesse poétiques, Cécile Becq magnifie ici le scénario original de Franck Manguin, véritable passionné du Japon, grâce à ce choix de planches baignées du bleu de l’océan si vital. Tous deux signent ici leur premier album graphique et offrent une lecture profondément apaisante en plus de la découverte bienvenue d’un métier presque disparu et, surtout, profondément méconnu, comme le révèle l’épilogue. Nous sommes ici bien loin de l’estampe érotique d’Hokusai 蛸と海女 (« Tako to ama », L’ama et le poulpe), absurdement baptisée en français « Le rêve de la femme du pêcheur ».
De toute beauté, ce « souffle des femmes » coupe le nôtre.
Chloé Lucidarme
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