Nous avons eu le plaisir de rencontrer Vincent Mallié afin de discuter avec lui de la série Le Grand Mort mais également de La Quête de l’oiseau du temps. Rencontre.
Bonjour Vincent. La série Le Grand Mort, sur laquelle tu as travaillé avec Régis Loisel et Jean-Blaise Djian, était attendue en six tomes, et puis finalement le dernier tome 6, Brèche, n’achève pas la série ?
Oui, effectivement, cela continue parce qu’au départ on devait être à peu près sur six albums. Finalement, en en discutant avec Régis et Jean-Blaise, des pistes qu’on aimait beaucoup se sont développées et on a voulu les pousser un peu plus loin. De toute façon, on se garde toujours une marge en se laissant guider aussi par l’histoire, même si l’on sait exactement où on veut aller à la fin. Du coup, a priori, cela a donné l’idée de deux albums supplémentaires sur l’ensemble de l’histoire, donc huit tomes au final.
En tant que dessinateur, participes-tu également au scénario avec les autres ?
En fait, on se retrouve plusieurs fois par an et je participe. L’idée, c’est que je planche mes pages dans mon coin, Régis et Jean-Blaise font le scénario, et puis on se retrouve tous les trois autour de la table et on en discute tout le temps. Je donne mon avis, on échange, il n’y a pas de hiérarchie particulière où chacun fait son boulot. Vraiment, tout se construit en dialoguant, en mélangeant les inspirations, en se marrant ensemble pour trouver les idées, donc c’est plutôt agréable.
Les scénaristes ne sont pas sur place, voire même à l’étranger, alors comment se passe la collaboration ?
Oui, Régis est au Québec, Jean-Blaise en Normandie et moi sur Paris. En général, il y a un point de chute dans un appartement en banlieue proche de Paris, dans lequel on se retrouve pour faire des sessions d’une semaine de boulot où l’on travaille ensemble, et l’on fait cela plusieurs fois par an. C’est comme une discussion entre copains mais cela reste du travail et c’est vraiment sympa. C’est à chaque fois un bon moment de se retrouver, et puis c’est aussi un bon deal car je peux faire du scénario ! Il y a pas mal de côtés un peu « ping-pong » : par exemple, il y en a un qui lance une idée qui n’est pas retenue mais cela en déclenche une autre qui peut être plus intéressante. Après, ce sont les scénaristes, donc eux qui tranchent sur ce qu’ils veulent raconter, mais cela reste très ouvert.
Quelles sont tes influences visuelles, tes sources d’inspirations ?
Au niveau visuel, l’idée dans Le Grand Mort est qu’il y ait deux mondes très marqués : l’un avec un côté un peu féerique, de très grands décors, de grandes compositions dans la nature, et puis un autre qui est la France après un cataclysme. Dans celui-là, on perçoit la manière dont les gens vont pouvoir survivre et l’on est plus dans l’urbain, la destruction, le côté sale et pas beau. Il s’agit de voir comment l’on se débrouillerait si on n’avait plus d’électricité, plus d’eau, et la façon de réagir des gens. Ce sont donc deux univers très différents. Après, par exemple, une série comme Akira (exposition phare lors du FIBD 2016), sur la partie déstructure, même si ce n’est pas la même ampleur ni le même cadre, m’influence. Au niveau dessin, il y a beaucoup d’auteurs, comme par exemple Hermann qui m’inspire aussi dans sa narration, ce sont des classiques on va dire, mais il y a pas mal d’influences à gauche à droite !
Par rapport à La Quête, il y a des univers qui sont parfois proches, est-ce que tu aurais envie d’évoluer dans un autre style ?
En fait, avant, j’étais plutôt un dessinateur qui venait de la science-fiction, c’est presque mon genre de prédilection. J’avais fait deux séries avec Les Aquanautes et puis L’Arche, et c’est vraiment de la SF. Justement, travailler sur Le Grand Mort, c’était complètement différent pour moi parce que je me retrouvais avec un univers à l’opposé de ce que j’avais l’habitude de faire, qui était plus de l’urbain. C’était sous l’eau ou des bases spatiales très sombres, et là il fallait que je dessine des arbres, de la nature, des petits oiseaux. Sur La Quête, il y a aussi un côté avec de grands décors et de la nature, fantasy, et donc quelque part je n’ai pas l’impression de me répéter puisque je viens de la SF qui n’a rien à voir. Peut-être que, dans quelques albums, je me dirai « tiens, j’ai envie de changer de registre » mais pour l’instant, je ne me lasse pas du tout de celui-là.
Quels sont tes autres projets actuellement ?
Pour l’instant, je me concentre sur la suite du Grand Mort. Après, je découvre aussi la peinture, c’est-à-dire que je fais aussi des expositions. Je passe plusieurs mois à travailler sur des peintures, des grands formats, et l’idée c’est de travailler spécifiquement sur ce qu’est une exposition, et de mettre des choses en dehors des planches de BD traditionnelles. Ensuite, mon site internet a été lancé donc c’est beaucoup de travail car il s’agit de proposer des tirages numériques, des estampes, des affiches tirées de l’univers du Grand Mort. Tout cela prend du temps pour être mis en place. Je papillonne un peu ! En BD, je n’ai que Le Grand Mort actuellement, et j’ai commencé le tome 7 qui j’espère sortira en fin d’année 2016 ou début d’année 2017.
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Sophie André
Interview réalisée le 29 janvier 2016.
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