Angry Birds est l’un des jeux vidéos les plus en vogue de ces dernières années, à tel point que vous ne pouvez pas être passés à côté. Jean-Michel Boesch, directeur artistique sur la BD, a accepté de répondre à quelques questions afin de nous en dire plus sur cette nouvelle série dont le tome 1 est sorti en novembre 2013. Rencontre.
Étiez-vous joueur d’Angry Birds avant d’intégrer le projet BD en tant que directeur artistique du studio ?
Je suis arrivé dans le studio Rovio, qui est créateur d’Angry Birds, il y a deux ans et demi et, avant d’intégrer le studio, je n’avais jamais entendu parler de ce jeu. Je ne suis pas un grand joueur de jeux vidéo mais j’ai intégré dans un premier temps le studio d’animation. J’ai travaillé pendant un an pour développer la série Angry Birds Toons, j’ai ainsi pu développer le visuel de la série ainsi que d’autres choses autour de cet univers qui sont sorties depuis. Par la suite, j’ai eu envie de changer et j’ai rejoint le département bande dessinée en tant que directeur artistique. J’ai été recruté par Rovio, qui est une compagnie finlandaise basée à Helsinki, parce qu’à l’époque j’habitais en Finlande. Mon rôle a été de donner le ton à la série en proposant une charte graphique basée sur ce que l’on avait développé dans le département animation.
Quelle est selon vous la plus grande difficulté à adapter un jeu vidéo en BD ?
La plus grande difficulté était qu’à la base il n’y avait pas vraiment d’histoire avec le jeu vidéo et que toute la bande dessinée repose sur une histoire forte, de l’humour et quelque chose de narratif. Les différents départements du studio nous ont épaulés dans l’élaboration de cette BD et de ses personnages, cela a été un beau travail d’équipe. Le but était de faire adhérer les fans du jeu à la BD. Une autre difficulté a été que les personnages n’avaient ni bras ni jambes, ce ne sont que des têtes qui sautent (rires).
D’ailleurs, vous a-t-on imposé certaines choses pour réaliser cet album ? Un cahier des charges vous a-t-il été fourni ?
Quand on travaille pour une structure comme Rovio où chaque département travaille main dans la main et où le patron est très investi dans ce que réalise celle-ci, on se doit de développer tout projet avec un cahier des charges car on doit garder une certaine cohérence vis-à-vis du travail des autres. J’ai travaillé avec le directeur du département bande dessinée ainsi qu’avec des illustrateurs free-lance, ce qui n’est pas facile du fait de la distance entre nous mais on essayait au maximum de garder une unité. Le challenge est de ne pas se laisser aller à la facilité, chaque illustrateur doit s’adapter au style de graphisme que nous recherchons. En effet, certains ont leur style propre et, pour que cela fonctionne, il a fallu qu’ils répondent à nos exigences artistiques, c’est un travail de commande pour eux et pour nous l’important est de mener tout le monde dans la bonne direction. Nous aurions pu facilement faire un produit bâclé pour faire de l’argent mais ça n’était pas le but, nous avons essayé de donner un maximum de profondeur et de modeler quelque chose de différent de ce que l’on retrouve dans le jeu vidéo ou dans l’animation.
Comment s’est déroulée la réalisation de cet album ? Il y a vraiment beaucoup de participants quand on lit les noms ayant réalisé chaque chapitre.
Nous avons recruté des scénaristes et dessinateurs free-lance, comme je le disais précédemment, mais tout est dirigé en interne. C’est-à-dire que nous choisissons avec qui nous voulons travailler, les scénaristes proposent des pitch que l’on valide et qu’ils développent plus en profondeur par la suite, nous corrigeons au besoin. Il en est de même avec les dessinateurs, c’est un véritable jeu de ping-pong qui se joue entre eux et nous. Sur le premier tome, de mémoire, nous avons fait travailler trois dessinateurs et quatre scénaristes mais en fait on produit un flot continu d’histoires courtes qui vont arriver dans les prochains albums. Les dessinateurs participants à nos albums sont principalement espagnols, italiens et français.
Comptez-vous utiliser l’aventure Angry Birds comme tremplin pour réaliser vos propres créations en BD dans le futur ?
Justement, depuis la sortie du tome 1, j’ai quitté le studio Rovio afin de devenir illustrateur free-lance et travailler sur d’autres projets. Cette expérience m’a permis de prendre énormément de contacts dans le milieu et de me faire une belle carte de visite. Cela ne signifie pas que j’abandonne Angry Birds pour autant, je continue de travailler dessus tout en me consacrant à mes projets perso. Cela sera bien évidemment dans un style semi-réaliste qui me caractérise plus que celui que j’ai employé sur Angry Birds. Pour l’instant je n’ai aucun projet de concret car je viens à peine de quitter Rovio, je commence à peine à avoir du temps pour développer mes projets. Le Lombard semble intéressé pour faire quelque chose avec moi dans le futur pour cette année ou 2015.
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Aurélie Maillot
Interview réalisée le 1er février 2014
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