Titre : Traquée – La Cavale d’Angela Davis
Scénariste : Fabien Grolleau
Dessinateur – Coloriste : Nicolas Pitz
Éditeur : Glénat
Collection : Karma
Parution : Octobre 2020
Prix : 22€
Birmingham, 1949. Angela est une petite fille de 5 ans. Elle aurait pu grandir comme toutes les autres petites filles : dans une maison douillette, auprès de parents aimants. Sauf qu’Angela est noire, une enfant qui grandit avec la peur que son foyer ne soit détruite par une attaque à la dynamite. Elle grandit avec la peur au ventre : celle de croiser ces policiers qui harcèlent toutes les personnes qui ont la même couleur qu’elle, et l’angoisse de se retrouver face à aux membres du Ku Klux Klan, ceux qui prônent la pureté d’une race blanche. Elle va alors faire un choix qui va déterminer le courant de sa vie : elle va se battre, militer pour les mouvements des droits civiques des noirs aux Etats-Unis, elle va intégrer les Black Panthers. Elle va connaître la peur, l’isolement, la solitude, la rage, l’horreur. Les rencontres qu’elle va faire vont changer les mentalités, vont mettre à feu et à sang les différents états. Féministe, communiste, amoureuse, enragée, courageuse, Angela Davis va faire le parti risqué de croire que les noirs doivent avoir les mêmes droits que les blancs.
L’histoire d’Angela Davis, c’est une partie de l’Histoire des Etats-Unis. Rosa Parks, en 1955, était la femme qui s’était tenue debout en restant assise dans un bus. Angela Davis, en digne successeuse, sera celle qui mènera une véritable révolution en regardant droit dans les yeux ceux qui voudront lui laisser penser qu’elle est inférieure. Ce magnifique récit nous dresse une véritable biographie d’Angela Davis, de son enfance à sa libération. Les mouvements qu’elle soulève sont magnifiquement imagés, les tableaux des différents affrontements sont mis en scène comme de véritables tableaux de maitres. Ils amènent à la réflexion, nous obligent à nous poser, à nous mettre dans la peau de ce peuple traqué. L’Amérique des années 50 et 60 est superbement dessinée. Cette BD est une véritable source d’inspiration qui donne envie encore et toujours de se révolter. Il n’y a pas de conflits négatifs, disent les plus grands philosophes. Celui d’Angela Davis a su faire évoluer les mœurs. Fabien Grolleau a su retranscrire la magie du personnage, s’immisçant ça et là dans sa quête autant que dans son intimité la plus profonde. Par un habile jeu de tiroir, on passe de l’enfance d’Angela à son emprisonnement tout en traversant les différentes époques. Nicolas Pitz parvient, pour sa part, à retranscrire chacune des émotions des protagonistes, les rendant tantôt attachants ou détestables. La palette de couleurs choisie, brun, ocre, orange, rouge, surdramatise les scènes révolutionnaires et donne à cet ouvrage le caractère vintage qui lui va si bien. Difficile de sortir indemne de cette véritable saga pour la défense des droits de l’Homme. Tiré de la collection Karma, qui met en lumière des personnes qui auraient été « oubliées de l’Histoire », c’est une vraie réussite, un véritable objet de collection. Ce tome devrait, c’est certain, figurer à côté des livres d’histoires des établissements scolaires et être lus par les élèves de toutes les classes.
On se plait vraiment à découvrir adorer cette femme traquée par le FBI, dont on admirera encore pour longtemps le courage et la hargne. Traquée est un bijou, un coup de cœur que tout bédéphile doit avoir dans sa bibliothèque.
Jérôme Prévot
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