Titre : Volume 2
Scénariste – Dessinateur : Suehiro Maruo
Éditeur : Casterman
Collection : Sakka
Parution : Mai 2021
Prix : 22€
Après l’incendie de la baraque où ils vivaient, Shin, Kakashi, et Ken sont abordés par Utako Utagawa qui leur propose de venir travailler chez elle. L’actrice arrête le cinéma pour redevenir Masaé et cultiver les champs comme autrefois. Une vie heureuse s’offre enfin à eux, une chance que n’ont pas les jumeaux séparés par l’infâme et avide Herbert Wang, ce qui ne les empêche pas de rester connectés. Ainsi Tomino ressent le désarroi et la souffrance de son frère destiné à devenir un “Xiang Gui Er”. Heureusement, le jeune garçon peut compter sur Aya, la petite-fille de son bourreau, qui l’aide à s’échapper. Tomino, quant à elle, a été adoptée par le peintre aux mœurs étranges, Salvador Fujiyama, laissant seule Élise, toujours convoité par le pervers Laszlo Levenshtein, au cœur du projet de secte de Wang. D’ailleurs, ce dernier a un nouveau plan sordide concernant Shin qui lui est servi sur un plateau par le plus grand des hasards. Au-delà de cette connexion spirituelle avec son frère, Tomino a également des visions de fin du monde. Seraient-ce des présages du cataclysme de la guerre qui approche ?
Près de deux mois après la sortie de ce deuxième opus de la série, le premier tome de Tomino la maudite s’est vu attribué le 15e Prix Asie de la critique ACBD, une récompense amplement méritée pour cette œuvre magistrale de Suehiro Maruo qui conclut dans ce second volume le périple infernal de Tomino et Katan. Avec la Seconde Guerre Mondiale et ses bombes atomiques en toile de fond, le mangaka poursuit le parcours des jumeaux qui cherchent à se rejoindre, ainsi que la quête d’Utako/Masaé qui ne souhaite qu’un chose : retrouver ses enfants. Au cours de ces deux parcours où la part historique accentue les conditions difficiles d’existence des personnages, c’est l’opposition entre l’innocence des enfants et les vils instincts des adultes qui est mise en évidence de façon absolument remarquable. Herbert Wang symbolise à lui seul tous les malheurs de Masaé, Tomino, Katan et des membres de leur famille recomposée. Les “freaks” victimes de l’avidité et de la cruauté d’un méchant emblématique, présent sporadiquement dans cet épisode, n’auront pas tous la même chance quant aux conséquences des actes de celui-ci. Le lecteur découvre ainsi les destins tragiques de tous les protagonistes à l’exception de Masa le nabot qui quitte Ken et Kakashi à la fin du volume 1. Cette fable ero-guro est servie à merveille par le trait toujours aussi élégant et efficace de Suehiro Maruo, un artiste qui, à l’instar de Baudelaire, est un alchimiste qui transforme la laideur du réel en beauté.
Un “must have” absolu !
Stéphane Girardot
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2 Responses à “Tomino la maudite #2”