Titre : Lirey, 1357
Scénaristes : Gérard Mordillat & Jérôme Prieur
Dessinateur : Eric Liberge
Éditeur : Futuropolis
Parution : Janvier 2018
Prix : 17€
Champagne, février 1357. Le prieur de l’abbaye de Lirey et cousin du Pape, Thomas, revient d’un pèlerinage à Jérusalem avec un morceau de la croix sur laquelle le Christ a été crucifié. Mais les prêtres ont fait le serment de bâtir une abbatiale pour accueillir la relique, or les fonds manquent pour la terminer. L’Église est pauvre, la peste fait de nombreuses victimes et les flagellants mettent à mal les croyances d’une Église divisée. Les seigneurs locaux sont moins enclins à fournir de la pierre, matériau onéreux, à la place du bois, matériau d’usage. L’évêque de Troyes, Henri, y voit là une occasion à exploiter. Éperdu de sa cousine Lucie, jeune nonne de l’abbaye de Lirey et protégée par Thomas, il souhaite qu’elle soit relevée de ses vœux pour la ramener auprès de ses parents afin qu’ils puissent la marier et ainsi sortir de l’infortune. En échange, il convaincra les seigneurs locaux d’aider l’Église à bâtir l’abbatiale. Entre l’amour de Dieu et les intérêts personnels, Lucie se retrouve au milieu d’une conspiration dépassant les fondements de l’Église et les croyances de Thomas et Henri.
« Le Suaire déroule son intrigue sur plusieurs siècles et dans plusieurs pays, tandis que ses personnages sont les acteurs d’une histoire qui rebondit d’époque en époque. »
Le romancier Gérard Mordillat et l’écrivain Jérôme Prieur offrent avec ce premier tome un récit dense dans lequel le contexte historique et les histoires d’amour de Lucie, Thomas et Henri éclipsent totalement l’objet religieux et hautement désiré qu’est le Suaire dit « de Turin ». Celui-ci, qui est quand même le sujet principal et le fil rouge de la trilogie, en arrive à être relégué au second plan. Il laisse tout de même place à une intrigue bien menée. Les trois protagonistes principaux sont bien écrits, leur histoire personnelle est cohérente, convaincante et sert parfaitement l’ensemble. La religion tient aussi une place très importante dans le récit, qui conte l’origine du Suaire et montre la foi prédominante face à la véracité des choses. La fin laisse en suspens. En 72 pages, l’histoire arrive à un niveau d’intensité assez dramatique à tel point qu’elle peut laisser sans voix et qu’on puisse regretter la page blanche qui lui succède. Le scénario haletant est accompagné du magnifique dessin d’Éric Liberge qui propose un trait en noir et blanc très fourni en détails précis. On ressent bien une certaine atmosphère religieuse et pouilleuse en temps de peste. Le Moyen-Âge n’a jamais été aussi bien illustré qu’entre ses mains.
Un scénario convaincant. Un dessin sublime. Assurément cette série débute bien et on en attend autant pour les deux prochains tomes.
Geoffray Girard
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