- Titre(s) : La Baie des Cochons
- Scénariste(s) : Clément Lemoine
- Scénariste(s) - Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Elric
- Scénariste(s) - Coloriste(s) : Michaël Baril
- Editeur(s) : Dupuis
- Collection : Tous publics
- Parution : Mai 2024
- Prix : 12,95 €
- EAN : 9782808501941
La Baie des Cochons pourrait être le surnom d’eBay, où de nombreux spéculateurs sévissent en tentant de revendre à prix d’or les produits limités qu’ils achètent en double. Mais il s’agit en réalité du lieu de débarquement prévu par les agents de la CIA pour renverser Fidel Castro à Cuba. Avant d’en arriver là, il faut mettre en place un plan. Longplaying et le GAG, inventeur et outil puissants rencontrés dans Le Prisonnier du Bouddha, sont mis à contribution. Fraîchement débarqués à New York pour couvrir le sommet de l’ONU qui accueillera le leader cubain, Spirou et Fantasio se retrouvent aussitôt mêlés à cette histoire, et rejoignent bientôt Seccotine, déjà en reportage sur l’île…
Depuis l’avènement du « Spirou-verse » et son lot d’albums publiés dans tous les sens (dont un audacieux résumé est tenté en quatrième de couverture), celui-là est certainement celui qui se rapproche le plus du trait de Franquin en 1960. Les raisons sont simples : d’abord, cette histoire s’inscrit dans la lignée du Prisonnier du Bouddha, sorti à ce moment-là. Ensuite, le Marsupilami étant revenu dans le giron de Dupuis, il est permis de l’utiliser et de mieux faire référence à cet univers. Enfin, on imagine que c’est aussi pour le plaisir de retrouver l’ambiance de cet âge d’or. De ce point de vue-là, c’est une réussite totale. Elric, dont nous recommandons également le travail sur la très chouette série animalière Witchazel, s’imprègne parfaitement des codes sans chercher à imiter froidement Franquin. Ses personnages sont au contraire pleins de vie et chaque détail graphique est pensé pour nous replonger dans la grande aventure humoristique. Dessin, encrage, couleurs, tout fait chaud au cœur. Le scénario inclut des personnages historiques qui auraient tout aussi bien pu être fictifs, pas besoin d’être un fin connaisseur du conflit entre Cuba et les États-Unis pour apprécier. Cela permet toutefois des gags supplémentaires bienvenus, comme celui qu’on appellera « du t-shirt » pour ne pas trop en dire. L’humour est la dernière grande force de cet album. Clément Lemoine et Michaël Baril ont monté une bonne mayonnaise avec Elric, légère et bien dans ses époques (celles de la création et de l’intrigue). Les yeux des nostalgiques, comme ceux du jeune lectorat, pourront y trouver leur compte. Que demande le peuple ? Si les albums suivants sont aussi réussis, cette sous-collection « classique » devrait susciter l’engouement. On notera que Spirou chez les Soviets, paru en 2020, est lui aussi dorénavant associé à cette catégorie « classique ».
Un album savoureux, qui ne révolutionne rien (haha) mais qui est fidèle (hoho) à ce que l’imaginaire collectif associe à un « Spirou classique ».
Nicolas Raduget
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