Titre : Les Sans-Visages
Scénariste : Pierre Dubois
Dessinateur – Coloriste : Kas
Coloriste : Graza
Éditeur : Le Lombard
Collection : Signé
Parution : Septembre 2019
Prix : 16,45€
Début du XVIIème siècle. La guerre de Trente Ans fait rage en Allemagne où l’Empereur de Habsbourg, catholique, fait face aux armées de petits princes protestants auxquels se mêlent Français et Espagnols. Très vite, plus personne ne sait pourquoi et contre qui il se bat. Les finances des donneurs d’ordres étant à sec, les soldats survivent comme ils peuvent en assassinant, pillant, volant, violant et incendiant à tour de bras. Affamés, ils désertent et se regroupent en meute. Les Sans-Visages sont de ceux-là. Menés par celui qu’ils appellent Capitaine, ils sont las de cette vie. Alors qu’ils dépassent un charnier, ils sont repérés par la cavalerie de Nusch. Ne faisant pas le poids, décision est prise de fuir. Ils sèment leurs poursuivants en passant par un défilé protégé par de denses broussailles. Au bout du passage, les mercenaires découvrent une vallée entourée par la montagne et préservée de l’enfer ambiant. Un havre de paix totalement coupé du monde où vit une communauté pacifique en totale communion avec Dame Nature. Un lieu où ils vont vivre quelques années en échange de leur protection. Ce, jusqu’à ce que la guerre s’invite au cœur du Jardin d’Eden par le biais du ver dans la pomme.
Dans le cadre de la première guerre civile européenne, la guerre de Trente Ans (1618-1648), Pierre Dubois (Sykes, Texas Jack) conte la rédemption d’un groupe de mercenaires connu sur les champs de batailles sous le nom des Sans-Visages. Une fiction où chacun porte un masque pour cacher son visage abîmé ou pour se préserver des horreurs de ses exactions. Par le truchement de sa plume à la verve toujours aussi prégnante, le scénariste arrive sans effort à nous faire oublier l’horreur du conflit qui a ravagé le Saint-Empire romain germanique. En effet, toute la poésie de « l’Elficologue » dépeint le havre de paix découvert par les soldats avec une efficacité qui le rend tellement réel. De manière inéluctable, fées, sylvains, esprits, paganisme et respect de la Nature y sont omniprésents, renforçant ainsi le contraste ambiant. Ajoutons à cela des personnages forts, des retrouvailles (entre Jacques de Rochehaut, dit Capitaine, et Wilhem von Goethzingen, le Maître du village), une trahison et une romance qui étoffent cette prenante mission de la dernière chance dont le final rime avec sacrifice. Kas (La Fille de Paname) magnifie l’ensemble de son trait réaliste fouillé et expressif mais aussi et surtout via une mise en couleurs directe époustouflante, avec l’assistance de Graza. Le dessinateur polonais régale nos papilles oculaires en restituant de belles ambiances, notamment à travers de nombreuses illustrations pleine page assimilables à de véritables tableaux de maîtres.
Une superbe proposition qui enrichie de belle manière la collection Signé.
Stéphane Girardot
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