Titre : Le Retour
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Bruno Duhamel
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Parution : Février 2017
Prix : 18,90€
L’artiste Cristóbal, véritable icône sur son île, est retrouvé mort au volant de sa voiture. Cette nouvelle suscite un émoi médiatique et politique. Le choc est violent et, surtout, sa mort reste inexpliquée. L’autre voiture impliquée a disparu sans laisser l’adresse de son propriétaire. Il n’en faut pas plus à la police pour ouvrir une enquête qui s’annonce délicate, tant Cristóbal, revenu sur place depuis 30 ans, était devenu influent. En toute discrétion, un inspecteur part à la recherche de la vérité, s’enquiert du passé de l’artiste, et découvre qu’il a de nombreux ennemis potentiels…
Tonton Cristóbal est revenu. Personne n’aurait pu imaginer que nous entonnerions du Pierre Perret au moment de chroniquer un coup de cœur en ce début d’année 2017. C’est pourtant le cas, avouons-le de but en blanc. Avec Le Retour, Bruno Duhamel frappe fort. Nous avions déjà pu admirer son talent graphique dans des réalisations variées. Ici, il signe aussi le scénario. Ce n’est, certes, pas la première fois (on se souvient de l’excellente série jeunesse Je suis pas petite !!!), mais il passe ici à un tout autre registre, destiné à un public plus adulte. Partant d’un thème accrocheur, et rendant hommage à l’artiste César Manrique, qui l’a inspiré, l’auteur avoue s’en être détaché ensuite pour avoir le champ libre dans sa création. Bien lui en a pris, et le lecteur, dès la couverture, prend une claque visuelle en pleine figure. La deuxième est de voir Cristóbal, personnage complexe, artiste génial et mégalomane, raide mort dès la planche numéro deux. L’essentiel n’est pas qu’il vive. Le récit, construit très intelligemment, consiste à découvrir, via l’enquête sur sa disparition, ce qui l’a animé du début à la fin, ses réussites et ses échecs, sa transformation. Pour ce faire, Bruno Duhamel propose une palette de personnages aux caractères bien trempés, ce qui peut servir sur une île volcanique. Il joue avec les époques avec une facilité déconcertante, alterne les cadrages et les jeux de couleurs avec une insolence crasse, et se permet également de proposer des dialogues percutants. Bref, il nous met baffe sur baffe, et donne à réfléchir longuement sur la figure de l’artiste et les dérives de la société de consommation.
Dramatique, drôle et intense. Le Retour, on le prend en pleine tronche.
Nicolas Raduget
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