Titre : Le Photographe de Mauthausen
Scénariste : Salva Rubio
Dessinateur : Pedro J. Colombo
Coloriste : Aintzane Landa
Éditeur : Le Lombard
Parution : Septembre 2017
Prix : 19,99€
Alors qu’il est à la frontière espagnole dans l’espoir de voir arriver sa sœur Núria qu’il n’a pas vue depuis près de dix ans, Francisco Boix se remémore son dur passé. Après l’exil et son internement dans le camp du Vernet d’Ariège, il est déporté dans le camp de Mauthausen, en Autriche, le 27 janvier 1941. Un des camps de concentration les plus durs où les prisonniers sont accueillis par une phrase des directeurs dénuée de tout espoir : « Vous êtes entrés par la porte… vous sortirez par la cheminée ! » Dès lors, Francisco fait tout pour sortir vivant afin de tenir la promesse faite à sa sœur qui est d’être à nouveau réunis. Par chance, il se voit confier un des postes privilégiés et convoités au service d’identification. Il redevient photographe. Mais, après quelques temps, il découvre d’horribles clichés pris par Paul Ricken, son responsable, qui mettent en scène les morts de ses frères d’infortune camouflées en suicides ou autres tentatives d’évasion. Des photos remarquables d’un point de vue technique qu’il va se mettre en tête de voler pour témoigner de ce qui se passe réellement sur place. Si toutefois il sort par la porte et non pas en fumée.
Salva Rubio (Monet, Nomade de la lumière) livre ici un magnifique témoignage pour que les Républicains espagnols – qui ont fui le régime franquiste, ont été accueillis en exilés dans des camps de regroupement en France lors de « La Retirada » puis déportés dans des camps de concentration allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale – ne soient pas oubliés, comme ils l’ont été si souvent par le passé. Un devoir de mémoire éloquent superbement réalisé. Le scénariste y raconte l’histoire vraie de Francisco Boix, un des témoins à charge du procès de Nuremberg (son témoignage fait partie des points développés dans l’album), dans le camp de Mauthausen, souvent appelé « la machine à destruction », « l’abattoir » ou encore « le bagne dantesque ». Un exercice de recherche historique colossal magnifiquement retranscrit sous la plume respectueuse et pleine de pudeur de l’auteur. Le récit qui en découle est à la fois passionnant, générateur de multiples émotions (ça prend aux tripes !), instructif et vital. Une maestria scénaristique dont la prestation graphique, issue du duo composé par Pedro J. Colombo (Addiction) et Aintzane Landa (La Peur géante), se fait le parfait écho. Le dessinateur nous gratifie d’un trait d’une expressivité extraordinaire où les regards, les expressions et les postures renvoient tout l’effroi ressenti par les victimes. Une performance incroyable que la mise en couleurs de sa compagne, à la scène comme à la ville, exacerbe avec une sensibilité chromatique des plus justes. Dans l’ensemble, le résultat est à la hauteur de l’implication – totale – du trio ibérique sur le projet, ce qui n’est en rien étonnant. De plus, un gros dossier, agrémenté de photos d’époque, aborde certains aspects complémentaires et utiles à la compréhension globale du contexte.
Une œuvre remarquable – à tout point de vue – à ne manquer sous aucun prétexte.
Stéphane Girardot
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2 Responses to “Photographe de Mauthausen (Le)”
20 octobre 2017
A la venta Le Photographe de Mauthausen Le Photographe de Mauthausen just released! |[…] Salva Rubio livre ici un magnifique témoignage. Un devoir de mémoire éloquent superbement réalisé. Un exercice de recherche historique colossal magnifiquement retranscrit sous la plume respectueuse et pleine de pudeur de l’auteur. Le récit qui en découle est à la fois passionnant, générateur de multiples émotions (ça prend aux tripes !), instructif et vital. Une maestria scénaristique dont la prestation graphique, issue du duo composé par Pedro J. Colombo et Aintzane Landa, se fait le parfait écho. Une œuvre remarquable – à tout point de vue – à ne manquer sous aucun prétexte. (La Ribambulle) […]
3 décembre 2018
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