
© Le Lombard
Titre : Le Tatouage – Histoire d’une pratique ancestrale.
Auteur : Jérôme Pierrat
Dessinateur – Coloriste : Alfred
Éditeur : Le Lombard
Parution : Mai 2016
Prix : 10€
Le directeur d’un pénitencier reçoit dans son bureau un détenu qui a été surpris en train de se tatouer dans sa cellule. Plutôt que de le coller au mitard pendant huit jours, le responsable de la prison lui impose de l’écouter pendant une heure afin d’apprendre la véritable Histoire du tatouage. D’ailleurs, ce dernier en connait un rayon sur le sujet et il se trouve qu’il est lui-même tatoué. Il sait donc de quoi il parle. Eh oui ! Ce ne sont pas les loubards ni les punks qui ont inventé le tatouage. Nos plus lointains ancêtres utilisaient déjà certains outils à cet effet. Des archéologues ont trouvé des poinçons et des aiguilles en bois de rennes qui laissent à penser qu’ils « se coloriaient », ainsi que des pointes d’os néandertaliennes, des statuettes « marquées » vieilles de 25000 ans, des meules et des broyons pour préparer des pigments remontant au paléolithique. Retour très en arrière !
Il m’était impossible de passer outre ce nouvel opus de La Petite Bédéthèque des Savoirs. Tout simplement parce que le sujet me parle tout particulièrement étant donné que je suis un adepte du tatouage. Force est de constater que l’approche historique proposée par Jérôme Pierrat est très précise, complète et explicite. Le rédacteur en chef de Tatouage Magazine, historien de formation, montre clairement comment le tatouage – qui au départ est une pratique ancestrale – s’inscrit désormais dans une véritable révolution culturelle (terme employé par le sociologue David Le Breton) après avoir été un phénomène de mode. Du premier tatoué découvert, Ötzi (un vieux bonhomme de plus de 5300 ans), aux premiers studios, en passant par les premiers tatoueurs vous saurez tout sur ce petit monde ainsi que l’origine du terme « tattoo ». Vous comprendrez pourquoi et comment le tatouage qui était « l’apanage » des Matafs puis des voyous est aujourd’hui accessible et utilisé comme élément identitaire ou esthétique par n’importe quel quidam. Comme nous en avons pris l’habitude désormais, ses propos sont parfaitement introduits et complétés par une préface de David Vandermeulen (directeur de la collection). Et, chose amusante, l’auteur aborde indirectement le sujet des « scratcheurs » (tatoueurs clandestins qui officient en dehors des « shop » et ne s’encombrent pas des mesures d’hygiène imposés aux vrais artistes entre autres choses) par le truchement du détenu. L’ensemble est parfaitement servi par le dessin élégant d’Alfred (Daho, l’homme qui chante). En effet, la fine prestation graphique de l’auteur met très bien en avant le côté artistique de la profession.
Un ouvrage très bien fait – et ceci n’est pas une surprise ! – pour les curieux et les fans de tatouage.
Stéphane Girardot
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2 Responses à “Petite Bédéthèque des Savoirs (La) #8”