Titre : Ornithomaniacs
Scénariste – Dessinatrice : Daria Schmitt
Éditeur : Casterman
Parution : Mai 2017
Prix : 25€
Alors qu’elle est rivée sur son téléphone – comme souvent – avec sa meilleure amie Tina, Niniche essaye de trouver une solution pour échapper aux idées fantasques de son insupportable mère. Pour faire simple, cette dernière souhaite la mettre sous les feux des projecteurs pour dévoiler sa singularité. En effet, bien qu’étant une adolescente normale, elle possède une particularité dont elle ne sait quoi faire : une petite paire d’ailes dans le dos dont une mutation génétique dues aux OGM, une simple difformité ou encore le signe flagrant d’une double nature pourrait être à l’origine. Pendant la conversation, son état de stress s’élève et elle sombre dans un état narcoleptique dont elle émerge aux abords d’un mystérieux château où travaillent le non moins mystérieux « Professeur » et son assistant, Icare. Le drôle d’oiseau lui propose d’intégrer son école afin de lui dévoiler sa véritable nature et les richesses de sa différence. N’ayant pas le choix et rien à perdre, elle décide de s’engager dans cette quête initiatique.
Ornithomaniacs est un superbe roman graphique réalisé par Daria Schmitt, un conte gothique et drôle qui est en quelque sorte une mise en danger de l’auteure après trois albums en couleurs directes (Acqua Alta en deux volumes et L’Arbre aux pies) dans la mesure où celui-ci est en noir et blanc. Une volonté de sa part qui aboutit sur un travail minutieux à la plume, très dense, où la moindre parcelle de papier non exploitée dégage une forte lumière. Un véritable ravissement en grand format. Bien que l’auteure se soit nourrie d’illustrateurs du XXème siècle comme Arthur Rackham, Franklin Booth ou encore Alfred Kubin, cet album pourrait largement s’inscrire graphiquement dans l’univers créé par Benoît Peeters et François Schuiten. Et vous apprécierez à coup sûr la parodie insérée par l’illustratrice de Nighthawks d’Edward Hopper. Sous couvert d’une certaine légèreté de ton, ce sont des thèmes très sérieux qui sont abordés au fil de la centaine de pages des pérégrinations de Niniche aux réminiscences d’Alice aux pays des merveilles ou des univers de Tim Burton. Pour revenir aux sujets abordés, Daria Schmitt interroge notamment sur la différence de l’autre, la difficulté de trouver sa place dans une société hyper codée, l’adolescence qui est une phase de changements importante, les rapports enfants/parents lors de séparations ou encore les conséquences de la collectionnite aigüe. Mais Ornithomaniacs est également l’occasion de mettre en lumière un oiseau menacé : le Balaeniceps Rex – plus communément appelé bec-en-sabot – qui incarne le Professeur. Et ce, grâce à de nombreuses informations récoltées auprès de Geneviève Renson (photographe naturaliste invitée en fin d’album d’ailleurs) et Pierre-Yves Renkin (taxidermiste), entre autres.
Un conte absolument remarquable à tous points de vue ! Et donc, à lire sans faute !
Stéphane Girardot
Réagissez !
Pas de réponses à “Ornithomaniacs”