Titre : Tome 1
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Anthony Pastor
Éditeur : Casterman
Parution : Janvier 2019
Prix : 15€
Archipel du Vukland, entre l’Islande et le Groenland. Run est un adolescent de 17 ans qui, contrairement à ce que semble lui demander son oncle, ne peut pas prendre position ni pour sa mère kivik, ni pour son père vulko, qui sont divorcés et se déchirent sans cesse. Valka est une activiste, notamment contre le projet de barrage sur l’île de Saarok qui profanerait des terres sacrées kivik et que gère Goerg, son ex-mari. Alors qu’ils marchent dans les montagnes, Run et Oruk, son oncle, découvrent le corps sans vie de l’ingénieur recherché depuis une semaine. Non loin de lui, Run trouve un thermos contenant une pierre dont il a une réminiscence. Un événement qui vient interférer avec le conflit familial qui prend place dans des contextes économique, écologique et social très tendus. En effet, le Vukland est au bord de l’explosion. Le nouveau président du pays est ultra-libéral, très sécuritaire et il n’hésite pas à faire appel à des groupes de skinheads à sa main pour faire de basses besognes. À cela vient s’ajouter un certain mysticisme avec les pierres sacrées, les Kafikadiks, qui semblent intéresser de nombreuses personnes comme l’étrange Joséphine (la fille de Roka, l’ancien chef de la sécurité du Vukland), Kurt (un ancien skinhead) et son petit frère Tibur entre autres.
No War est un projet ambitieux dont un récit inhérent et ciblé a été publié dans le numéro 4 de la revue Pandora en juin 2018 (à lire en fin d’album). Une fiction prenant place dans un lieu fantasmé, le Vukland, qui est prévue en trois, six, neuf tomes, voire plus, au rythme de parution d’un album tous les six mois. Une chose est certaine avec ce premier opus : Anthony Pastor nous met l’eau à la bouche et nous embarque avec lui sans aucun mal. La mise en place est rapide, dense, intense et le lecteur est de suite dans le bain. Au fil des cent planches, l’intrigue se dessine, de nombreux personnages se croisent, s’aident, s’opposent et manigancent. L’univers où ils évoluent est riche et très bien pensé. Et l’on sent que derrière, il y a beaucoup de recherches pour arriver à quelque chose de très cohérent (fait étayé par le dossier bonus de quatre pages). Bien que le Vukland n’existe pas, impossible – en regard de ce qui s’y déroule – de ne pas voir de nombreux parallèles avec notre monde actuel. Que ce soit dans le domaine politique, social ou bien écologique. Et tout cela par l’intermédiaire de Run, un jeune adolescent coincé entre deux parents aux pensées opposées, et le questionnement quant à l’issue de la situation : War ou No War ? Et n’oublions pas la subtile touche mystique/fantastique représentée par les croyances des kiviks mais surtout les fameuses pierres sacrées , parfaitement amalgamées à l’ensemble. Après un passage par le récit historique au dessin plus réaliste avec Le Sentier des reines et La Vallée du Diable, Anthony Pastor revient au roman noir, sa passion première, avec un graphisme plus que jamais narratif où les silences en disent autant que les bulles. Un travail efficace, qui sert parfaitement cette performance éditoriale, dans la veine de celui de Bastien Vivès mais plus anguleux que ce dernier. L’utilisation de poscas à bout carré en est la raison.
Un succès à la Lastman à l’horizon ? Il semblerait que cela en prenne le chemin !
Stéphane Girardot
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