Titre : Nino – L’Aventure Américaine
Scénariste : Hec Leemans
Dessinateur – Coloriste : Dirk Stallaert
Éditeur : Cerises & Coquelicots
Parution : Juin 2019
Prix : 25 €
Pour échapper à l’orphelinat, dans les années 30, un jeune garçon se réfugie sur le Normandie. Le passager clandestin se lie bientôt d’amitié avec Mademoiselle Claudia, à peine plus vieille que lui, voyageant entre les deux continents avec son oncle et d’autres passagers un peu louches. Pris sur le fait, Nino – c’est son nom, vous l’aurez deviné – n’est pourtant pas près de remettre les pieds à l’orphelinat. Il est bien trop débrouillard pour cela, et il réussit à se faire des amis qui lui seront d’une aide précieuse, d’abord sur le paquebot transatlantique, puis à terre lors de ses aventures suivantes.
Les éditions Cerises & Coquelicots, en rééditant ces trois albums augmentés d’un épais et passionnant dossier d’introduction, ont joliment mis en valeur cette série assez méconnue du grand public et publiée initialement chez Le Lombard. Graphiquement, la parenté avec la ligne claire saute aux yeux. Il y a du Tintin, bien sûr, dès la première planche et son paquebot majestueux. Dans l’esprit général, certains compagnons de route de Nino se rapprochent également de l’univers d’Hergé, même si la série va plus loin dans le burlesque et la légèreté des rebondissements, qui nous rappellent plutôt les aventures composées par Bob de Moor comme celles de L’Oncle Zigomar. Le meilleur album est très certainement le premier, avec son mystère en mer qui nous replonge dans nombre d’aventures de Tintin ou Jo, Zette et Jocko. La suite n’est pas inintéressante pour autant et évoque tantôt Bibi Fricotin pour l’espièglerie et la débrouillardise du héros à enchaîner les obstacles, tantôt Chick Bill lors du dernier épisode conduisant les héros dans le sud des États-Unis. Le lieu et la période chronologique nous font aussi penser à Sammy, Dirk Stallaert ayant d’ailleurs été l’assistant de Jean-Pol qui a officié sur cette série. Difficile pour Nino d’avoir sa propre identité dans ce flot de références, mais ce sont de très belles références, et les nostalgiques des classiques franco-belges (école de Bruxelles comme de Marcinelle) ne devraient pas bouder cette aventure américaine. Le dessin est maîtrisé de bout en bout, et le scénario est au dessus de la moyenne comparé à tous les albums jouant la carte du simili-Tintin. Ces derniers nous tombent parfois des mains, l’écriture souffrant terriblement de la comparaison avec les glorieux aînés Hergé ou Jacobs. Ce n’est pas du tout le cas ici. Aussi, on regrette presque que le duo Dirk Stallaert et Hec Leemans n’ait pas encore eu l’opportunité de pousser plus loin les aventures de leur jeune protégé et ses retrouvailles avec Claudia. Nous serons au rendez-vous si ce jour arrive.
Une très bonne série ligne claire à re(découvrir).
Nicolas Raduget
Réagissez !
Pas de réponses à “Nino – L’Aventure américaine”