Titre : Vents contraires
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Chanouga
Éditeur : Paquet
Collection : Cabestan
Parution : Mars 2018
Prix : 15€
Le 5 mai 1875, Joseph Frazer, le capitaine du lougre « John Bell », livre à Somerset, à l’extrême nord du continent australien, le « sauvage blanc » qui n’a aucun souvenir de son passé. Le gouverneur Applin décide alors de l’envoyer au consulat de France à Sydney, étant donnée sa réaction face à la langue du pays, et le confie ainsi à John Ottley, Lieutenant des Royals Engineers, qui fut d’une grande bienveillance à son égard durant leur dix jours de voyage. Ce qui n’a pas été le cas du consul Eugène Simon une fois arrivé à Sydney. Ce dernier ne lui accordait qu’une confiance limitée, une liberté de mouvement restreinte et lui a sciemment caché que sa mère écrivait régulièrement au consulat. Après avoir été une exhibition de salon pendant quelques temps, Narcisse part pour la Nouvelle-Calédonie, un jeune territoire français d’Océanie, en juillet 1875 avant de pouvoir regagner la France. Une période de doute supplémentaire où sa rencontre fortuite avec Jean, qui a usé ses fonds de culottes avec lui à l’école de Saint-Gilles, l’a peut-être convaincu de rentré en France. Sa dernière étape à la rade de Toulon, avant de retrouver ses parents, lui offre une surprise. Herman, qui l’a abandonné lors du naufrage du « Saint-Paul », est là et se fait un devoir de le ramener chez lui. Cependant les vents contraires n’ont de cesse de souffler dans son esprit.
Troisième et dernier volet de la magnifique trilogie consacrée à Narcisse Pelletier initiée par Chanouga, Vents contraires est centré sur le retour à la civilisation, jalonné de nombreuses étapes, du « sauvage blanc ». Un surnom que lui a donné la presse australienne. Un périple où l’auteur met en avant les différents ressentis et comportements à l’égard de Narcisse qui doit s’adapter bien malgré lui face à ces derniers. Il ne faut pas oublier que la « troisième vie » de Narcisse commence dans un contexte où le colonialisme français est fort. Nous sommes dans la période du Second Empire Colonial. De fait, beaucoup de personnes considèrent qu’il a commis l’irréversible en reniant sa culture et sa religion pour embrasser la vie aborigène. Heureusement, certains ont bien compris ce qu’il avait vécu et ont montré de la compassion, de la bienveillance. De plus, tout est flou dans sa tête. Même si son enveloppe corporelle revient au pays, son esprit est toujours auprès des siens avec lesquels il a vécu dix-sept ans. Vous le comprendrez clairement lors de la dernière discussion entre l’enfant et le gardien de phare qu’il est devenu. Un très beau et respectueux travail d’écriture de Chanouga qui retranscrit parfaitement, non seulement dans le propos mais également par son trait, les divers sentiments et ambiances et vous embarque sans mal aux côtés de Narcisse. La prestation graphique est une nouvelle fois sublime. Et pour ceux qui n’ont pas pu se rendre au Musée national de la Marine de Toulon pour visiter l’exposition « Chanouga et l’Aborigène blanc » (1er juillet 2017 – 7 avril 2018), sachez qu’elle est prolongée jusqu’au 30 juin 2018. Une belle reconnaissance qui récompense la qualité de l’immense travail, de recherche et graphique, abattu par l’auteur.
Une trilogie remarquable que cet album conclut de fort belle manière !
Stéphane Girardot
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