Titres : Olena & Yvanna
Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Christophe Alliel
Coloriste : Albertine Ralenti
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Parution : Mars 2019 & Mars 2020
Prix : 14,90€
Février 2014. Dix ans après la « révolution orange », l’Ukraine est de nouveau en proie à une crise identitaire majeure. La place du Maïdan à Kiev se voit s’affronter pro-russes, pro-occidentaux et néo-nazis. Au milieu de ces troubles politiques, Bogdan est un jeune homme plein d’avenir, fiancé et nouveau venu au sein des « berkouts », les unités spéciales anti-émeutes de la police ukrainienne. Sa première mission avec son unité l’amène au centre de ces manifestations. Mais lorsque Olena, celle qu’il aime, fervente manifestante contre le pouvoir en place, disparaît, il n’hésite pas à déserter pour la retrouver. Au milieu de ces agitations, l’aide d’Yvanna, une jeune infirmière proche des mouvements réformistes qui n’est pas insensible à son charme, s’avère précieuse. Entre « berkouts », parti extrémiste « Svoboda » et manifestants, sa quête est semée d’embûches. L’histoire d’amour de Bogdan et Olena résistera-t-elle à l’Histoire en marche ?
Faites l’amour, pas la guerre. De ses yeux de journaliste aguerri, Aurélien Ducoudray jette un regard neuf et intéressant sur le conflit civil qu’a vécu l’Ukraine en 2014. Maïdan Love est un diptyque qui raconte une histoire d’amour fictive, prétexte à parcourir tous les aspects de cette révolution et d’une société ukrainienne hétéroclite. Des « berkouts » à la solde du gouvernement aux manifestants issus de mouvements plus ou moins différents les uns des autres jusqu’aux citoyens témoins des événements depuis chez eux via les médias, ceux-ci deviennent des points d’ancrage pour dépeindre les divers points de vue. Pour donner plus de force à l’histoire, les trois protagonistes principaux font également parti d’une des strates de la révolution : Bogdan est un berkout, Olena est une manifestante et Yvanna est une infirmière proche de manifestants. Un triangle amoureux dont l’ombre plane tout au long d’un récit complexe aux multiples composants à mettre en scène. Un défi que Christophe Alliel a réussi à relever, avec fluidité. Un tour de force pas du tout surprenant au vu de ses précédents projets au registre varié. Afin d’humaniser cette révolution, Albertine Ralenti met ce diptyque aux couleurs de l’Ukraine, que ce soit au niveau des couvertures qui interpellent vivement mais aussi au niveau de l’ambiance anarchique, et apporte ainsi une émotion supplémentaire à ces événements malheureux .
Entre fiction et réalité historique, la révolution ukrainienne de 2014 racontée le plus simplement, avec clarté et intelligence.
Geoffray Girard
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