Titre : Un cow-boy dans le coton
Scénariste : Jul
Dessinateur : Achdé
Coloriste : Mel
Éditeur : Lucky Comics
Parution : Octobre 2020
Prix : 10,95€
Alors qu’il croit enfin goûter un repos bien mérité dans le paisible saloon de Nitchevonada, Lucky Luke voit débarquer les Dalton escortés par son vieil ami le marshal Bass Reeves. Sa couleur de peau en surprend encore plus d’un, car rares sont les hommes noirs à avoir un poste important dans l’Ouest. Mais Lucky Luke va bientôt se rendre compte que la situation est encore plus désespérée dans le Sud. Une richissime admiratrice vient de lui céder son immense exploitation de coton en Louisiane, et les employés qui vont avec. Désemparé, le cow-boy est bien obligé d’accepter avec dans l’idée de redistribuer immédiatement son héritage à tout le monde en parts égales. Mais cette décision ne va pas aller sans susciter quelques obstacles…
La machine est désormais bien huilée entre Jul et Achdé qui animent en duo et avec professionnalisme les nouvelles aventures du cow-boy depuis trois albums. Graphiquement, Achdé, repreneur attitré et adoubé par Morris, continue brillamment de lui faire honneur et impose sans faux pas sa patte humoristique sur la faune et la flore de Louisiane, entre autres caractéristiques locales (très jolie prouesse météorologique également, vous comprendrez quand vous y serez). Le compromis est bon entre la simplicité de lecture d’un Lucky Luke et un décor fouillé pour que l’on se sente en voyage comme le héros. L’élite rencontrée par le cow-boy au cours de son périple est quant à elle particulièrement laide et caricaturale, sans doute pour aller avec ses idées. Le scénario est en effet particulièrement sombre, ce qui surprend un peu dans un album de la série. Si quelques sourires sont apportés – merci les Dalton et les prisons-passoires – on sent bien que le thème principal l’emporte. C’est certainement le prix à payer pour instruire les jeunes lecteurs sur la réalité du racisme et de l’esclavage. Dans le même esprit, mais chronologiquement un peu avant, Black Face des Tuniques Bleues dénotait également avec l’ambiance légère d’une série pourtant guerrière mais a marqué des générations de lecteurs. Tant pis si le rire est un peu de mis de côté cette fois, le jeu en vaut la chandelle.
Un sujet coton qui rend l’album plus noir, sans mauvais jeu de mots. Il n’en reste pas moins un très bon Lucky Luke dans l’esprit.
Nicolas Raduget
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Une réponse à “Lucky Luke, d’après Morris #9”