Titre : La Piste du Prêcheur
Scénariste – Dessinateur : Yves Swolfs
Coloriste : Julie Swolfs
Éditeur : Le Lombard
Parution : Janvier 2018
Prix : 14,45€
Janvier 1861. La situation à la frontière entre le Missouri esclavagiste et le jeune état du Kansas, en majorité contre l’esclavagisme, est sanglante et devient emblématique de la scission entre le Nord et Sud. C’est dans ce contexte que le prêcheur abolitionniste Markham, qui a une manière bien particulière d’interpréter l’Évangile, fait régner la terreur avec sa horde. Il harangue les habitants contre le Sud et mène des missions punitives à la signature caractéristique et trompeuse envers les émigrants venus s’installer dans la région, sous l’incitation des autorités du Nord, mais surtout envers les pécheresses qui croisent son chemin. Mais un homme sans nom, aux motivations personnelles, le suit à la trace et veut sa peau. Et ce solitaire ne peut s’empêcher de penser à son propre vécu, quinze ans plus tôt, lorsqu’il découvre le fils des Colson près des cadavres de ses parents. La quête de cet homme qui n’est personne ne s’annonce pas facile car le maire d’Holton, acquis à la cause de Markham, et son homme de main ne lui faciliteront pas la tâche. Heureusement, c’est une fine gâchette et son don d’apercevoir le passé et le futur des gens qu’il touche lui sera d’une grande aide.
Yves Swolfs revient à ses premières amours, le western, en tant qu’auteur complet avec cette nouvelle série et assouvit donc son envie de revenir au genre ainsi qu’aux personnages solitaires qui y évoluent. Très loin d’être un « Durango bis » même si il y a un tout petit air de famille, le héros sans nom de Lonesome présente de nombreuses différences inspirées notamment de Dead Wood. Cependant, les westerns spaghetti de Sergio Leone ou de Sergio Corbucci constituent toujours l’essence même de cette création. Une référence totalement assumée par l’auteur que l’on retrouve dans les cadrages, les plans larges et les zooms serrés entre autres, tout au long de l’album. Mais surtout, ce nouveau protagoniste possède un don qui confère au récit un côté ésotérique intéressant. Si le spectre de la guerre de sécession plane sur ce tome d’ouverture, cette dernière n’est qu’une toile de fond où Yves Swolfs s’emploie à mettre en avant des arguments géopolitiques. À savoir le déclenchement de la guerre civile piloté par La France et le Royaume-Uni via des banquiers américains ou européens à forts capitaux et des hommes politiques haut placés. Une théorie du complot à la sauce western ! Mais il y est aussi question de vengeance et d’un tueur sadique qui se sert de ce théâtre pour justifier ses exactions. Un scénario très précis et bien écrit où le trait réaliste du dessinateur fait merveille et où vous ressentirez aisément tout son plaisir et sa motivation à vous proposer ce nouveau projet prévu sur quatre ou cinq albums. La prestation graphique est magistrale et retranscrit avec justesse les différentes ambiances, aidée en cela par une mise en couleurs au diapason de Julie Swolfs.
Un retour aux sources tonitruant où chaque page sent la poudre, la neige ou le sang ! C’est du grand Yves Swolfs et on en redemande !
Stéphane Girardot
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2 Responses à “Lonesome #1”