© 2014 System Comics

Titre : Tome 1
Scénaristes : Rodolphe, Bruno Falba & Philippe Zytka
Dessinateurs – Coloristes : Darko Perović, Aleksa Gajić, Zoran Janjetov & Dražen Kovačević
Éditeur : System Comics
Parution : Octobre 2014
Prix : 16,99€

Le centenaire du début de la Première guerre mondiale concentre, en cette année, des commémorations. Loin des antagonismes d’antan, l’heure est aux mains tendues et aux projets bilatéraux. C’est ainsi qu’est né Lignes de front, un album original de l’Institut Français de Serbie avec le soutien du Ministère de la Culture Serbe. Scénaristes français et serbes et dessinateurs serbes ouvrent l’Histoire des hommes qui ont été sacrifiés pendant cette « Putain de guerre ! » – la préface est signée Jean-Pierre Verney, scénariste de la bande dessinée de Jacques Tardi. Dix histoires se succèdent et les soldats serbes et français se tendent la main sans toujours parler la même langue. Ils fraternisent et partagent les mêmes douleurs sur le front d’Orient ou sur les lignes arrières. On témoigne de leur héroïsme simple, de ceux qui meurent au champ d’honneur et ceux qui survivent sans pour autant revenir intact.

On connaît peu l’histoire des soldats qui ont combattu sur la côte adriatique et les vallées albanaises, cet album permet de rendre hommage à tous ces soldats des deux patries qui ont – proportionnellement – payé le plus cher tribu en termes de victimes. On découvre à l’occasion les talentueux scénaristes et dessinateurs serbes qui nous offrent des récits très contrastés : on passe de la couleur au sépia, du muet au documentaire ; de l’onirique au récit historique. La patte de Tardi n’est jamais très loin : l’héroïsation des acteurs est refusée et les soldats ne consentent jamais à devenir de la chair à canon, les premières lignes sont pleines de vermines et de rats, le froid attaque tout le monde indifféremment de son uniforme et tous n’aspirent qu’à rentrer chez eux en vie. Malgré l’odeur de la mort qui règne c’est bien le goût de la vie qui s’impose au fil des pages.

Une très belle manière de regarder l’Histoire au-delà de Verdun.

François Montier