Titre : Jamais
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Bruno Duhamel
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Parution : Janvier 2018
Prix : 15,90€
Sur la côte normande, à Troumesnil, Madeleine arpente les routes et les marchés avec sa canne. Cette vieille dame aveugle habite une maison en bord de falaise, avec son chat, Balthazar, et le souvenir de son mari, Jules, disparu en mer, avec qui elle continue de discuter chaque jour. Lorsqu’il la croise, le maire est bien embarrassé. Sa maison menace en effet de s’effondrer chaque jour un peu plus à cause de l’érosion. L’édile, qui serait responsable au moindre incident, tente par tous les moyens de lui faire quitter les lieux, mais elle a son petit caractère. Elle ne demande pas grand-chose, non, juste qu’on lui fiche la paix…
Il est de retour après Le Retour ! Bruno Duhamel revient en toute logique chez Grand angle après un premier album très réussi. Va-t-il falloir prendre un abonnement pour lire chacune de ses sorties ? On en prend le chemin. D’abord, Jamais sent bon la Normandie (même pour ceux qui n’en connaissent pas le parfum) car l’auteur, habitué des lieux depuis l’enfance, y a puisé les décors et l’essence de cette histoire, sans chauvinisme d’ailleurs et c’est à saluer. Ensuite, Bruno Duhamel ne se contente pas d’avoir un talent graphique. Il sait créer une atmosphère, et raconter l’histoire touchante de gens humbles (et souvent vieux), ce qui donne envie de relire Le Voyage d’Abel immédiatement après Jamais. Ici, Madeleine ne veut pas voyager, au contraire, sinon dans ses souvenirs (elle ne s’appelle pas Proust pour rien), mais aspire à la tranquillité. Elle est à la fois drôle et touchante, un équilibre que l’on retrouve tout au long de la lecture, entre deux répliques à la Audiard et trois séquences mélancoliques. Quand l’auteur y met ses tripes (à la mode de Caen ?), le résultat est là. Une fois n’est pas coutume, l’album s’accompagne d’une bande son signée Cédric Lawde, à découvrir en ligne. L’initiative est intéressante, et l’écoute, évidemment facultative, est en mesure d’apporter un surplus d’émotions. Ce n’est pas tout à fait Stone & Charden, mais ça ressemble plus aux Pet Shop Boys réinterprétant la musique du Cuirassé Potemkine. On ne va pas s’en plaindre.
Un rayon de soleil dans la grisaille hivernale.
Nicolas Raduget
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2 Responses to “Jamais”
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