
En 1966, je suis né dans une petite ville castélorienne. Vers 1969, on a découvert ma surdité, maman n’y a pas cru. Le médecin n’a pas été gentil avec elle, il lui a dit que je n’entendrai jamais et je ne parlerai jamais. En 1970, à l’école maternelle, on m’a placé chez les nonnes à Fougères en me séparant de maman toutes les semaines. Bah oui, faut bien que je m’adapte à la société ! Enfin en 1974, heureux de retrouver maman. A 8 ans, la passion de dessiner est née. A 14 ans, j’ai sauté de joie : j’ai pu aller aux Beaux-Arts de Rouen avec les entendants. Même si je ne comprenais toujours pas de quoi ils parlaient, au moins ils étaient à côté de moi à dessiner et à peindre. Après la 3éme, j’espérais passer en seconde pour préparer le bac Arts Plastiques. Bah non, j’ai été obligé de faire 4 ans pour avoir le niveau bac D spécialisé pour les personnes sourdes à Nevers. C’est le seul choix qui me restait pour pouvoir rentrer, plus tard, en études supérieures d’arts graphiques. En 1989, j’ai le BTS en poche avec l’aide d’un interprète. Malgré la surdité, la lecture et l’écriture viendront petit à petit durant mon adolescence. La lecture a eu une place très importante pour mon avenir. Elle m’aide à mieux comprendre la vie et la société. La lecture picturale ne me suffisait pas, j’ai découvert alors avec merveille et joie Le Petit Nicolas et les aventures de Jules Verne. Quant à mes 24 ans, ma première BD, Jeepster, apparaît sous le pseudo Francard. En 1992, j’ai crié au monde « Je suis sourd et Dargaud m’a donné ma chance ! » Comme j’ai pu progresser pendant 10 ans dans la bande dessinée grâce à Froideval (Fatum et Anamorphose), j’ai demandé à Léo s’il pouvait me proposer une nouvelle série. Voilà mon nouveau pseudo : Icar. Cette fois-ci, il ne faut pas que je vole trop près du soleil ! © Dargaud